L’homme n’est pas bon, et c’est un anarchiste qui vous le dit

« Un véritable anarchiste pense qu’une société anarchiste, sans Etat, sans pouvoirs, sans organisation, sans hiérarchie est possible, vivable, réalisable, alors que moi, je ne le pense pas. Autrement dit, j’estime que le combat anarchiste, la lutte en direction d’une société anarchiste sont essentiels, mais la réalisation de cette société est impossible. […] Que la société joue un grand rôle dans la perversion de l’individu, cela me paraît certain […]. Cependant tout ne vient pas de la « société ». […] Il ne suffit donc pas d’arrêter la répression pour arrêter les passions de l’homme. Celui-ci en effet, malgré toutes les croyances contraires, n’est pas bon. Cette affirmation de ma part n’a rien à faire avec l’idée chrétienne du « péché ». Celui-ci en effet existe dans la relation avec Dieu, et pas autrement. L’erreur de siècles de chrétienté a été de concevoir le péché comme une faute morale. Ce qui n’est pas le cas, bibliquement. Le péché, c’est la rupture avec Dieu, et les conséquences que cela entraîne. Quand je dis que l’homme n’est pas bon, je ne me place pas d’un point de vue chrétien ni du point de vue de la morale : je veux dire que les deux grandes caractéristiques de l’homme, quelle que soit sa société ou son éducation, sont la convoitise et l’esprit de puissance. On les retrouve partout et toujours.  »

Jacques Ellul, Anarchie et christianisme

6 réflexions sur “L’homme n’est pas bon, et c’est un anarchiste qui vous le dit

  1. Le christianisme a donné à l’homme le sens de son humilité, c’est à dire celui de la recherche d’une grâce dont il sait qu’il n’est qu’en partie responsable c’est l’opposé absolu d’une société pas seulement anarchiste mais simplement libérale pour laquelle le mérite doit seul établir une hiérarchie entre les êtres humains d’où les éternelles bouffonneries autour de la barrière et du niveau, du portefeuille et de la Sorbonne, du sang et du travail etc.

  2. Je n’avais jamais réfléchi au péché en ces termes-là, l’ayant toujours assimilé justement à une fausse morale en soi. Voilà qui va me donner matière à penser.

  3. @ Alibekov

    Le problème est plutôt de savoir qui évalue le mérite et attribue les gratifications afférentes. Il y a de bonnes pages chez Hayek là-dessus.

  4. « L’Homme n existe pas , c est une abstraction ,un fantôme qui sert d’explication facile aux esprits petits bourgeois paresseux . Les individus sont les produits d’une époque , d’un système économique social et politique déterminé . Les anarchistes et tous les subjectivistes ne voient pas les différences entre les grandes périodes historiques que sont dans les sociétés de classes l’esclavagisme le servage et le capitalisme . Ils ne reconnaissent que la permanence de la société marchande sans comprendre sa naissance son développement et finalement sans entrevoir comment elle va mourir comme toute chose dans la nature et la société ( qui est elle même naturelle). Parce qu’ils sont pétris de l’esprit petit bourgeois étroit et couard qui refuse l’engagement dans la lutte contre le vieux monde auquel ils s accommodent pour la plupart , la discipline que l’action impose et les sacrifices qu’elle exige . C’est pourquoi seul le prolétariat est à l avant garde du mouvement progressiste : il n a lui « rien à perdre que ses chaînes ! » Marx

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