Ne nous trompons pas de peur

Je suis las des débats sur le genre. Néanmoins, je m’y colle encore une fois. Je suis parti d’un billet rédigé par M. François-Xavier Bellamy, adjoint au maire de Versailles, ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de philosophie, billet qui m’a un peu agacé – déçu, surtout, j’attendais mieux – et m’a donné le carburant nécessaire pour écrire ce texte entre minuit et deux heures du matin.

Oui, le concept de genre existe. Non, ce n’est pas une théorie. C’est avant tout un objet d’étude, qui, comme tous les objets d’étude, est préalablement construit. Dans ce cas précis, cet objet d’étude est le suivant, dans son sens le plus large : ce que c’est qu’être homme ou femme dans les sociétés humaines, la façon dont est vécue, dans telle ou telle société, la différence et le plus souvent la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Ce n’est pas « contestable ». On peut proposer d’autres objets d’étude si on le souhaite. On peut vouloir privilégier d’autres domaines de recherche. Mais non, ce n’est pas « contestable ». Non, il n’est pas question ici d’« hypothèse idéologique ». En littérature, en histoire, en sociologie et dans bien d’autres disciplines, des chercheurs s’intéressent à ce que c’est qu’être homme ou femme, en utilisant différentes approches, avec des présupposés différents. Il n’y a pas à être « pour » ou « contre ». La comparaison avec la lutte des classes n’est donc absolument pas pertinente, de même que le rapprochement entre études de genre et marxisme auquel certains se hasardent.

Non, le concept de genre ne fait pas des différences biologiques des détails insignifiants. La grande prêtresse des études de genre Judith Butler elle-même a écrit un ouvrage intitulé Des corps qui comptent ; elle soutient que le corps signifie toujours au-delà de ce que nous voudrions le voir signifier, elle affirme qu’il y a une réalité corporelle derrière le genre. Quoi de plus faux que d’écrire, comme le fait vigi-gender.fr, que dans « l’idéologie du genre », « notre corps n’a aucune signification » ? Au contraire, les significations du corps humain sont précisément l’un des principaux champs d’application des études de genre. Comment le corps humain est-il vécu, perçu, représenté, quelles normes, quelles contraintes lui sont appliquées en tant que corps d’homme, en tant que corps de femme ? C’est cela, le genre, ou du moins, c’est en grande partie cela.

(Il serait bon, tant que nous y sommes, de ne pas confondre déconstruction et destruction : Derrida et Butler, entre autres, insistent sur ce point à plusieurs reprises. Déconstruire n’est pas détruire. Et quand, en études de genre, on dit de quelque chose que c’est une représentation, un stéréotype, une construction, cela ne veut pas dire que c’est intrinsèquement mauvais : cela veut dire que ça n’est qu’une représentation, un stéréotype, une construction, et pas l’un des cinq piliers de la civilisation occidentale – qui s’effondre, comme nous le savons tous.)

Il y a une différence des sexes, personne ne le nie. Oui, elle existe, mais il faut bien, à un moment donné, qu’elle soit reconnue, qu’elle soit constituée en différence riche de sens, qu’on en ait fait la différence par excellence. Que je sache, on ne traite pas les chevelus différemment des chauves, on ne traite pas les êtres humains dont la peau est noire différemment des êtres humains dont la peau est blanche – pardonnez-moi ce trait d’ironie. Oui, à l’observation, un corps d’homme et un corps de femme présentent un certain nombre de différences. Personne ne le nie. Faut-il construire sur ces différences un ordre social, attribuer tel rôle aux uns, tel rôle aux autres ? Ce n’est pas vraiment la question : ces représentations qui nous environnent nous préexistent, nous ne naissons pas sur une tabula rasa. Mais est-il absolument nécessaire que ces rôles soient imposés par la violence, par le contrôle social, par la loi ? J’en doute. Sommes-nous voués à reproduire l’ordre social et les rôles sociaux que nous avons trouvé à notre naissance ? De toute évidence, non. Ni nos parents, ni nos grands-parents ne les ont reproduits exactement, et nous-mêmes ne les reproduisons pas non plus exactement.

Que tous les membres du gouvernement n’aient pas une parfaite maîtrise des questions de genre, c’est certain. Les déclarations pour le moins floues, sinon contradictoires de plusieurs d’entre eux en attestent. Plusieurs parlent à tort et à travers de « théorie du genre », tantôt pour s’en revendiquer, tantôt s’en démarquer, faisant hurler, à chaque fois, aussi bien les sceptiques que les convaincus du genre. Au moins, cela a l’avantage d’ôter toute crédibilité à l’hypothèse d’un grand complot du genre, dont les initiés présideraient en ce moment aux destinées de l’État.

À défaut de complot, il est tout à fait probable que certains membres du gouvernement aient été, à un moment donné de leur vie, sensibilisés, à la suite de telle ou telle expérience, de telle ou telle rencontre, à l’enjeu que représente le genre. Les études de genre tendent à nous faire prendre conscience d’une chose : les représentations de genre font peser une violence sur de nombreux êtres humains. Sur à peu près tout le monde, en fait : en général, l’homme qui ne veut pas être homme comme la société voudrait qu’il le soit, la femme qui ne veut pas être femme comme la société voudrait qu’elle le soit. En particulier, les homosexuels, les transsexuels, et bien d’autres.

Ceux qui dissertent sur le nihilisme, l’idéalisme, la volonté de toute-puissance qui se cacheraient derrière le genre savent-ils vraiment de quoi ils parlent ? Savent-ils la violence qui pèse sur les personnes qui s’affirment homosexuelles, ou même sur celles qui sont soupçonnées de ne pas être exclusivement hétérosexuelles ? Savent-ils la violence qui pèse sur les personnes qui se travestissent, qui entreprennent un changement d’identité sexuelle, sur celles qui sont soupçonnées de l’être ? Savent-ils, dans d’autres sociétés que la nôtre, mais aussi dans la nôtre à un moindre degré, la violence qui pèse sur une femme, sur un homme qui ne voudrait pas se marier ? Sur une femme qui ne voudrait pas engendrer ? Nous parlons de vies humaines, nous ne parlons pas d’apprentis sorciers pressés de mettre en application leurs dernières lubies.

La préoccupation la plus vive que je discerne en arrière-plan des études de genre, et en particulier des travaux de Judith Butler que je connais moins mal que d’autres, c’est celle de rendre vivables des vies qui ne le sont pas, ou si peu, ou si difficilement, de rendre plus digne les vies qui sont jugées indignes. Oui, c’est une préoccupation politique, ou du moins qui doit se traduire en termes politiques. J’ai beau chercher, je ne vois vraiment pas ce que cela a d’inquiétant. Cet agenda peut se traduire de diverses formes.

1. Dans l’enseignement scolaire, consacrer quelques heures parmi des milliers à mettre en évidence la diversité des choix que peut faire un homme ou une femme. Nous vivons en société, il n’est ni extravagant ni totalitaire d’expliquer à des enfants qu’il y a autour d’eux des personnes qui ne vivent pas comme leurs parents et qui n’en sont pas moins respectables. Il n’est ni extravagant ni totalitaire d’expliquer à des enfants que leurs opportunités sont plus larges qu’ils ne le croient, s’ils osent s’en saisir, et si bien entendu la société se donne les moyens de les leur rendre accessibles – ou tout au moins de les leur laisser accessibles. Les enfants n’appartiennent ni à leurs parents, ni à l’État, ni à qui que ce soit. Ce n’est pas en leur disant, au lycée, que la façon dont ils se vivent homme ou femme est en grande partie la conséquence de représentations sociales sur lesquelles ils peuvent influer que nous allons les désaxer. Nous n’allons pas les perturber en leur disant, dès le plus jeune âge, que les femmes peuvent être astronautes, les hommes fleuristes, que si Clotaire s’est moqué d’Agnan parce qu’il avait mis du vernis à ongles, hé ben Clotaire est rien qu’un gros débile et Agnan fait ce qu’il veut s’il trouve ça joli, même si rien n’empêche la maîtresse de dire discrètement à Agnan qu’il y a beaucoup de gros débiles comme Clotaire et que donc en l’état actuel de la société il vaut peut-être mieux qu’il évite de mettre du vernis à ongles, du moins quand il vient à l’école.

2. Créer un cadre légal pour les relations stables entre deux personnes de même sexe, comme il en existe un pour celles entre deux personnes de sexe différent. Je ne crois pas que qui que ce soit entende contester la fécondité de la différence sexuelle. Mais en quoi cette fécondité exclut-elle que des personnes de même sexe soient, à leur manière, fécondes ? Qu’on remette en cause la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui, ma foi, pourquoi pas. Je suis le premier à trouver pour le moins préoccupant qu’on entasse les embryons congelés et à juger extrêmement problématique la gestation pour autrui, qu’elle soit altruiste ou rémunérée. Mais pourquoi avoir fait croire, pourquoi continuer de faire croire que ces deux questions sont liées à celle du mariage pour tous, quand la procréation médicalement assistée, y compris hétérozygote, est pratiquée depuis trente ans, quand la gestation pour autrui concerne principalement des couples hétérosexuels, quand la Louisiane vote, en juin dernier, la restriction de la gestation pour autrui aux seuls couples hétérosexuels ? C’est de l’escroquerie pure et simple.

3. Revaloriser les aides dont bénéficient les femmes élevant seules leurs enfants (qui constituent l’écrasante majorité des parents célibataires) et victimes d’abandon de famille. C’est un gouvernement socialiste qui vient de faire adopter cette mesure – que j’ai – mais il y a très longtemps peut-être, ou bien il était tard, ou bien j’avais bu – entendu prôner des centaines de fois par des catholiques se situant à droite de l’échiquier politique, au cours de discussion sur l’avortement.

4. Rééquilibrer le congé parental entre les deux conjoints. Exalter le père qui gagne de quoi faire vivre sa famille et la femme qui prend un congé parental de trois ans comme le fait M. Bellamy dans son billet, pourquoi pas ; simplement, il se trouve que tout le monde ne souhaite pas procéder ainsi. Il y a aujourd’hui des femmes dont les revenus sont supérieurs à ceux de leurs conjoints. Il y a aujourd’hui des hommes qui souhaitent pouvoir s’arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Non, un père et une mère ne jouent pas exactement le même rôle. D’une part c’est la mère qui accouche, et qui peut allaiter si elle le souhaite. D’autre part, dans la plupart des couples, l’un et l’autre jouent un rôle différent vis-à-vis de l’enfant, avec des variations infinies d’une famille à l’autre. Et donc ? Comment passe-t-on de cette affirmation à la conclusion abrupte selon laquelle l’État doit encourager l’un à rester à la maison et l’autre à travailler ? Je croyais qu’une des solutions à la crise de la famille était que les pères consacrent plus de temps à l’éducation des enfants et aux soins du ménage ? J’ai dû rêver.

Je suis loin d’être un enthousiaste du gouvernement actuel, dont beaucoup d’orientations – loin du genre – m’inquiètent. Mais non, j’ai beau faire, rien de tout cela ne m’effraie. La façon dont ces mesures sont présentées est souvent insupportable, je le reconnais sans peine. On nous vend à grand renfort de tambour des ruptures civilisationnelles ; on ferait mieux de faire adopter discrètement de simples mesures de justice. M. Peillon se prend pour le petit père Combes ; Mme Taubira nous gratifie de ses tirades césairo-hugoliennes. C’est un peu fatigant, je l’admets. Il y a dans une part non négligeable de la classe politique française un exaspérant laïcisme bas-du-front : me risquerai-je à rappeler que la laïcité consiste à traiter la religion comme les autres domaines de l’activité humaine, ni plus, ni moins, et non à exclure la religion de l’espace public ? Je m’y risque. Dans ce contexte, je comprends que beaucoup de catholiques se sentent méprisés ou exclus.

Aux uns, donc : qu’on mette sur le dos de lois récentes des évolutions sociales profondes et anciennes, c’est regrettable, mais enfin, ainsi va la vie politique en démocratie. Qu’on confonde les causes des problèmes et leurs remèdes, c’est plus grave. Ceux qui proposent de renforcer les rôles traditionnels – encore faudrait-il se mettre d’accord sur la tradition de référence – de l’homme et de la femme pour remédier à la « crise de la famille » me font penser à ceux qui proposent de revenir à la théologie et à la liturgie en vogue avant le concile Vatican II pour remédier à la « crise de l’Église ». (Autant dire qu’ils me font bien rigoler.) Non que ce qui existait avant soit intrinsèquement pervers : simplement, mettons le vin nouveau dans des outres neuves. Et n’ayons pas peur. Ou du moins, ne nous trompons pas de peur.

Aux autres : si nous nous plaçons sur le terrain de la vie « vivable », comme j’ai essayé de le faire ici, les catholiques ont, non pas des leçons, mais des exemples à donner, que ce soit dans l’accueil des personnes lourdement handicapées, les soins palliatifs, l’attention apportée aux migrants, la meilleure façon de contribuer au développement des pays les plus pauvres, et mille autres sujets. Il ne serait peut-être pas tout à fait idiot de prêter attention à ce qu’ils ont à dire. Ce n’est pas parce qu’une partie de l’Église se révèle bouchée à l’émeri lorsqu’on aborde deux ou trois questions de société qu’il faut nous enfermer dans votre petite boîte étiquetée « fascisto-intégristes ». Merci d’avance.

43 réflexions sur “Ne nous trompons pas de peur

  1. Je suis d’accord avec toi sur certaines choses mais tu fais aussi de belles approximations sur ce qui est actuellement fait.

    1/ Notre grand problème n’est pas que l’on « enseigne » les études de genres mais qu’on les expérimente (via les ABCD, les propositions de lecture, les modules…)

    2/  » Ce n’est pas en leur disant, au lycée, que la façon dont ils se vivent homme ou femme est en grande partie la conséquence de représentations sociales sur lesquelles ils peuvent influer que nous allons les désaxer »
    => La ligne Azur est à destination des élèves de collège donc à partir de 11 ans (et son questionnaire est vraiment gratiné…), les ABCD sont pour des élèves de primaire et de maternelle (même si tout dedans n’est pas à jeter) et les documents les plus problématique sur ces questions sont les documents du SNUipp-FSU principal syndicat d’enseignant du primaire.
    => Étudions les questions de genre au lycée en parallèle de la philo et non en biologie ou en maternelle…

    3/ Sur la PMA nous sommes contre toute utilisation autre que des cas d’infertilités, pour la GPA nous sommes opposé à TOUTES ces formes… Les cas que tu cites n’ont rien à voir avec LMPT !

    Bref, oui nous devons avant tout être exemple mais nous avons aussi à parler de ce que nous essayons de vivre !
    Ce qui est difficile lorsque des personnes comme toi font suivre des informations caricaturales/erronés/incomplète

    • @mblonyx

      1) Je suis curieux de savoir comment tu comptes faire comprendre aux enfants ces choses que tu ne contestes pas sur le fond, apparemment, sans passer par des expériences (ne serait-ce que des expériences de pensée), des propositions de lecture, etc. Ou alors tu as des lumières en pédagogie que je n’ai pas…

      2) Je ne sais pas ce que tu appelles le « questionnaire » de la ligne Azur, mais je n’ai rien lu de particulièrement inquiétant à son sujet, au contraire, son site me semble traduire une compréhension assez fine des questions d’orientation sexuelle, ne tendant pas à enfermer les gens dans des cases. À partir de onze ans, et même avant, les enfants se posent des questions, auxquelles il est souhaitable que des réponses soient apportées. Je connais un certain nombre de gens, en particulier d’ailleurs dans un certain milieu catholique (parce que c’est celui que je connais le mieux, sans doute), dont les vies ont été très, très abîmées parce qu’on n’a pas ou très mal répondu à certaines questions à un certain âge. Il se trouve que les gens qui se bougent concrètement pour mettre en place une ligne téléphonique, de même d’ailleurs, plus généralement, que pour lutter contre l’homophobie, sont des gens avec lesquels tu n’es probablement pas d’accord sur tout. Si tu pense pouvoir faire mieux qu’eux, lance-toi ! J’ai répondu plus bas sur les ABCD (« dès leur plus jeune âge »), qui me semblent tout ce qu’il y a de plus pertinents et bon enfant. Donc à ce stade, il te reste les documents du SNUipp-FSU du primaire. Si tu parles du document intitulé « Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire » de 2013, ma foi, je le trouve plutôt bien fait. Si tu es sceptique quant à la nécessité de lutter contre l’homophobie dès le plus jeune âge, je te propose de passer dix minutes dans une cour de récréation un de ces jours – en te rappelant qu’aujourd’hui de très nombreux enfants ont des proches, sinon des parents homosexuels. On est vraiment dans le fantasme de la « corruption de la jeunesse ».
      Et puis (petit complément par rapport à mon billet) : franchement, quel aveuglement sur l’ingénierie sociale qui se fait dès aujourd’hui dans les classes quand les enseignants renforcent les représentations les plus couramment partagées, au détriment des filles ou des homosexuels, par exemple ! Étrange, vraiment, que personne ne s’indigne de cette violence. Étrange. Je ne vois pas en quoi il est problématique que quelques heures de cours sur des milliers ouvrent un minimum les horizons des élèves dans ce domaine – non, franchement ? Tu as déjà entendu parler des collégiens de ce qu’est être un garçon, être une fille ? Tu trouves cela beau ? Tu ne crois pas que cela vaut le coup de les sortir un peu, de temps en temps, du flot de merde qu’on leur déverse dessus tous les jours ? Encore une fois, attention à ne pas se tromper de combat : dans la lutte contre l’hypersexualisation des plus jeunes, par exemple, les gens qui s’intéressent aux études de genre ou sont sensibles à leur portée politique sont les alliés objectifs de beaucoup de catholiques. Qu’une adolescente soit persuadée qu’il lui faut pratiquer régulièrement des fellations à son copain, faute de quoi il la quittera, c’est un problème qui heurte les uns et les autres. Le genre est un outil précieux si on veut lutter contre ce genre de représentations.
      Quant à étudier la notion de genre en SVT ou en philosophie… il y a de quoi mettre cent mille personnes dans la rue, vraiment ? Soyons sérieux. Moi, j’aurais un petit a priori favorable pour la SVT, cela permet d’éviter que les élèves ne naturalisent trop les différences de genre, l’air ambiant ne les y incite déjà que trop… il suffit de voir la vague d’articles de presse à chaque étude plus ou moins bidon démontrant que les hommes savent lire les cartes routières et autres billevesées.
      3) J’entends bien, j’entends bien. Où ai-je dit le contraire ? Mais encore une fois, manifester à l’occasion du mariage pour tous revient à faire des homosexuels des boucs émissaires. Cela a été dit et redit, avant, pendant, après. Une citation que j’ai déjà signalée : « … il ne suffit pas de mettre en question la revendication homosexuelle, il faut mettre en question les revendications antérieures des couples hétérosexuels pour aller aux principes. À défaut d’avoir cette cohérence et cette profondeur, le combat contre le mariage homosexuel passe médiatiquement pour de l’homophobie. » (J.-É. Long, o.p., « Du triangle rose au mariage gay », Lumière et Vie, no. 273, janvier-mars 2007, p. 110.)
      Bref, s’il y a des erreurs ou des caricatures dans mon billet, merci de me le signaler. Mais pour l’instant, tu ne l’as pas fait.

    • « Sur la PMA nous sommes contre toute utilisation autre que des cas d’infertilités » Pour l’Eglise catholique, la PMA est intrinsèquement mauvaise… #jdcjdr

  2. Merci pour ce billet limpide et nuancé.
    Je viens de lire une réaction intéressante sur Facebook, par un lecteur (qui fait plutôt partie des cathos réticents à la Manif pour tous), qui reproche aux vulgarisateurs des études de genre que nous sommes, de toujours revenir sur le versant « théorique » (le déconstructionnisme, Butler, Derrida, Foucault etc.), tout en affirmant qu’elles ne s’y réduisent pas et en rappelant le volume de publications nettement plus « neutres » politiquement et philosophiquement, mais sans jamais donner d’exemple vraiement éclairant de ces dernières. Ce qui revient un peu à nous tirer une balle dans le pied.

    Ca m’a un peu fait penser au dernier billet d’Anthony Favier, qui écrivait:

    « La présence des organisateurs de ce colloque (Mélanie Gourarier, Florian Voros et Gianfranco Rebucini) a fait en tout cas très favorablement le lien entre les deux événements scientifiques. J’y vois personnellement le recul des théories métaphorisant sur le plan linguistique le genre (Joan Scott, Judith Butler), au prix parfois de l’hermétisme, pour renouer avec des approches plus empiriques et descriptives de contextes localisés de pouvoir et de domination. » http://www.penser-le-genre-catholique.fr/2013/12/histoire-des-femmes-histoire-du-genre-histoire-genr%C3%A9e.html

    Du coup, tout en approfondissant notre intérêt pour les auteurs plus engagés (comme Butler qui est à la fois politiquement motivée, et intéressante aussi bien pour des personnes qui sont engagés dans d’autres sensibilités politiques ou religieuses), il est sans doute très opportun de donner un éventail peut-être plus vaste que celui que j’ai, par exemple, donné sur mon blog, tant en terme d’approche méthodologique que de variété thématique des sujets de recherche que d’auteurs.

    • Par exemple, on cite assez peu le blog de Caroline Muller, dont le travail sur la direction spirituelle au XIXème siècle , est susceptible de surmonter les réticences de certains catholiques, en montrant qu’on peut penser dans une perspective de genre sans nécessairement se faire encarter chez Act Up ni devenir un post structuraliste impénitent.

  3. Pingback: Réponse à Gaspard Hohenfels | Kephas
  4. Merci pour votre réponse.

    Je suis désolé si je n’ai pas été à la hauteur de ce que vous « attendiez » ; pour ma part, je dois dire que vous ne m’avez pas déçu !

    Je n’ai pas le temps de répondre tout de suite à votre billet, point par point ; mais je voudrais seulement vous dire que, après une lecture attentive, il me semble confirmer de façon empirique ce que j’essayais de montrer : le concept de genre n’est pas neutre. Vous en faites la preuve en exhumant, paragraphe après paragraphe, tout l’arrière-plan de ce concept – une volonté de lutte, un espoir, beaucoup de souffrances, une tentative de déconstruction de tout ce qui jusque là a rendu selon vous la vie « invivable », pour reprendre le thème butlerien que vous citez.

    Vous évoquez immédiatement l’homosexualité et l’homophobie, la situation des personnes transsexuelles, la PMA, la GPA, l’adoption, autant de sujets que je n’avais pas cités ; c’est dire la tension latente qui habite sans aucun doute le prisme que le genre applique au regard que nous portons sur notre société et notre expérience humaine.

    Ce faisant, votre texte démontre brillamment que le genre n’est pas qu’un concept-scientifique-neutre-et-incontestable-en-lui-même, mais bien le produit de nos angoisses, le support de nos désirs, le porte-empreinte des violences que chacun d’entre nous subit lorsqu’il est porté atteinte à ce qu’il y a de plus intime en nous : notre identité.

    Il ne reste alors qu’une seule question à poser : est-il si « scientifique », si « neutre », si évident, d’expliquer à des enfants l’infinie variation de nuances qui apparaît à votre regard universitaire – avant même qu’ils ne puissent, au sens le plus fort du terme, la comprendre ? Est-il si anodin de venir remettre en question cette capacité d’identification avant même qu’elle ait pu donner lieu à la reconnaissance par laquelle nous nous acceptons pour ce que nous sommes ?

    Contester à un enfant la clarté même des termes par lesquels il découvrira son identité, pour s’accepter ensuite dans sa singularité – n’est-ce pas là la plus grande des violences ?

    Voilà qui ouvre la voie à la contestation du concept même de genre, puisqu’il est structuré par l’idée d’une opposition entre la « nature », l’être, la liberté – et la culture. Il me semble que la culture, à commencer par la langue, est le moyen par lequel nous rejoignons notre être propre et notre liberté, et qu’ainsi il est vain et dangereux d’opposer une « part culturelle » de l’identité de genre à la « part naturelle » de la différence des sexes. Personne ne nie la dimension culturelle de cette différence ; mais il est sans doute impossible et périlleux de l’opposer à la réalité de nos corps, fussent-ils sincèrement pris « en compte ».

    Merci encore en tous les cas pour votre réponse.

    • @François-Xavier Bellamy

      Merci pour votre commentaire. Bien tard, voici une tentative de réponse.

      Les études de genre sont extrêmement diverses et les conclusions qu’en tirent les uns et les autres peuvent diverger. Rien n’empêche un chercheur de travailler sur le genre et de mettre sa production scientifique au service d’un engagement politique tout à fait différent de ceux que vous critiquez : en faveur de lois visant à discriminer en fonction du sexe ou de l’orientation sexuelle, par exemple. En revanche, oui, un chercheur n’est jamais neutre – et ce n’est pas un problème. Vous pourrez vous reporter avec intérêt à ce récent billet du sociologue Denis Colombi : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2014/03/avoir-un-point-de-vue-ca-narrive-pas.html Quand on travaille sur le genre, on va mettre en évidence, quelle surprise, des inégalités, des rapports de domination fondées sur le genre. De même quand on travaille sur les classes sociales, les appartenances religieuses, les origines ethniques… Et les travaux sur le genre vont donc être souvent liés à, voire mis au service d’agendas politiques visant à réduire les inégalités et rapports de domination en question. Est-ce un problème ?

      Oui, choisir de travailler sur le genre, ce n’est pas neutre. Je ne vois pas en quoi cela remet en cause la pertinence ou la légitimité de ce champ d’études. Vous avez peut-être lu La Condition ouvrière, de Simone Weil. (Si ce n’est pas le cas, je vous le recommande.) Reprocheriez-vous à Simone Weil d’avoir mis en évidence – après et en même temps que beaucoup d’autres – la misère ouvrière pendant les années 1930 ? Non, n’est-ce pas ? Hé bien reprocher à un chercheur en études de genre de mettre en évidence la domination masculine, ou l’exclusion et la violence dont sont victimes les personnes homosexuelles n’est pas beaucoup plus pertinent…

      Vous n’avez pas cité l’homosexualité, l’homophobie, la PMA, la GPA, l’adoption, mais vous militez sur ces sujets aux côtés de la Manif pour tous depuis des mois… c’est évidemment le contexte, l’arrière-plan de votre propos.

      En parlant d’angoisses, de désir, de violences sociales, vous semblez découvrir que la recherche a prise sur la vie réelle, et inversement. Interrogez vos condisciples d’École ou vos confrères agrégés qui se consacrent principalement à la recherche. Vous verrez que c’est une idée assez répandue… (En ce qui me concerne, je ne suis pas à proprement parler « universitaire ».)

      Mais non, ce n’est pas, ou pas seulement, « anodin », « scientifique », ou « neutre », de parler de genre à l’école. En quoi est-ce un problème ? Quelle idée vous faites-vous donc de votre métier d’enseignant ? Vous cantonnez-vous à ce qui est strictement « anodin », « scientifique » ou « neutre » ? J’espère pour vous et vos élèves que ce n’est pas le cas. Pour autant, on peut dire que le genre fait l’objet d’un consensus scientifique : « ça » (« ce que c’est qu’être homme ou femme dans les sociétés humaines, la façon dont est vécue, dans telle ou telle société, la différence et le plus souvent la hiérarchie entre les hommes et les femmes », comme je l’écris dans ce billet) existe. On peut l’étudier. On peut le vulgariser auprès d’élèves, en essayant de montrer en quoi le contenu de ses études peut les rejoindre dans leur vie de tous les jours. C’est tout.

      Il ne s’agit pas de « contester » les termes par lesquels un enfant découvre son identité, au contraire ! Il s’agit de les expliciter, de l’aider à mieux les comprendre. Ce n’est pas de la violence, c’est le sens même de l’éducation.

      Intéressez-vous davantage aux études de genre. L’opposition entre nature et culture y est largement dépassée depuis longtemps. Vous dites : « la langue est le moyen par lequel nous rejoignons notre être propre et notre liberté ». Pourquoi pas, même si la notion d’être propre me paraît assez confuse. Mais qu’est-ce qui vous empêche alors d’écrire que « le genre est le moyen par lequel nous rejoignons notre être propre et notre liberté » ? Les langues sont diverses, et les façons de vivre le genre le sont tout autant.

  5. je suis contente de lire ce billet !
    En réaction au dernier commentaire: non les questions de genre ne sont pas « expérimentées » en maternelle. ce genre de terme donne l’impression que nos enfants sont des cobayes. et vraiment, c’est prendre les enseignants pour des idiots. Il est NORMAL de sensibiliser les enfants à l’égalité entre les sexes dès le plus jeune âge, bien sûr! c’est dès cet âge là qu’il faut dire aux enfants que leurs horizons sont larges, qu’ils peuvent avoir le métier qu’ils veulent, qu’être une fille ne signifie pas être inférieure… parce que c’est dès cet âge-là qu’ils en prennent conscience. j’en ai un exemple à la maison. Et leur dire qu’aimer une personne du même sexe n’est pas un drame très tôt, je trouve que c’est essentiel. Pas seulement pour eux, mais aussi pour les membres de leur famille. On rend une société plus tolérante en en éduquant les enfants à la tolérance.

  6. Je ne pensais pas un jour être d’accord à près de 80% avec un de tes billets sur le sujet… J’ai évidemment des réserves sur l’opportunité de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe abordé dans ton agenda. Mais fondamentalement, la vraie difficulté me semble venir d’une confusion entre les études de genre et la reconnaissance d’un outil d’analyse (le genre) et l’usage militant qu’on peut en faire. Je ne suis pas sûr que la comparaison avec la lutte des classes soient si stupide que cela soit dit en passant. Autrement dit, le problème est plus le militantisme queer que les études de genre : une politique qu’une réflexion historique, sociologique, philosophique, voire juridique…

    • @ NM

      Tout à fait d’accord pour dire que le militantisme queer en arrive parfois à des affirmations ou revendications qui peuvent inquiéter. On y observe une tendance à penser qu’au fond, on est vraiment libre que quand on s’oppose à la « norme », ou du moins aux conventions sociales les plus couramment admises, ce qui est éminemment discutable. Il n’est pas nécessaire de vivre en rastafari (a fortiori, d’imposer ce mode de vie à tout le monde…) pour lutter contre la domination blanche. Néanmoins, il me semble qu’il faut prendre garde à ne pas trop vite regarder avec condescendance ce qui nous apparaît comme les débordements, les excès de « marginaux » qui sont aussi des « dominés ».

      Mais les quelques propositions faites par le gouvernement, que je commente ici, sont à mille lieues des thèses les plus radicales du « militantisme queer ».

  7. Merci pour ce billet que j’ai lu avec attention.
    Pourtant, j’ai deux remarques à formuler sur une question que tu sembles éluder et qui dépasse, à mon humble avis, le simple débat quant à l’enseignement des études du genre.

    Tu affirmes ainsi « 1. Dans l’enseignement scolaire, consacrer quelques heures parmi des milliers à mettre en évidence la diversité des choix que peut faire un homme ou une femme. ».

    Deux questions me viennent à l’esprit.
    1) Est-ce le rôle de l’Education Nationale de dispenser cet enseignement ?
    Il existe une ambition , depuis plusieurs années, de former les élèves au dehors du champ strictement scolaire. Je pense notamment à l’attestation scolaire de sécurité routière de premier niveau et l’attestation scolaire de sécurité routière de deuxième niveau qui sont délivrées au collège. Elles sont obligatoires afin de pouvoir passer le permis de conduire.
    Autre exemple par cette proposition de loi sur les jeux dangereux lors de la législature précédente (http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion4308.asp )

    2) Quand et à quel moment doit-on délivrer cet enseignement ?
    Pourquoi ne pas pas le faire par l’introduction au lycée de cours de sociologie ?

    Pour moi le problème principal est bien celui-ci.

    Kephas

    • Je me permets de répondre sur ces deux points (à défaut de commenter plus globalement le billet de Baroque auquel je souscris à 250%)

      1) pourquoi *encore* confier à l’école ce type d’enseignement/éducation ? Rappeler déjà que l’acculturation par l’école n’est pas une nouveauté, un des objectifs de l’école laïque de la fin du XIXe était l’installation de la République par le biais de l’enseignement primaire, en retirant les enfants de l’influence des femmes et des curés (c’est totalement assumé dans les discours de l’époque). Cela fait donc longtemps que l’école éduque en plus d’instruire, promeut selon les époques de boire du lait (années 50), l’antiracisme (années 80), fait donner du riz pour la Somalie (années 90), prend en charge l’éducation à la « citoyenneté » (vaste fourre-tout changeant selon l’actualité), la sécurité routière, apprend à nager aux enfants, etc. Sans parler des leçons de morale qui sont encore bien antérieures à l’école républicaine. Alors pourquoi s’en préoccuper aujourd’hui plus qu’avant ? Est-ce qu’il est moins légitime d’éduquer ou de sensibiliser à l’égalité ou aux stéréotypes que d’apprendre le code de la route ou les principes républicains ? Personnellement, je ne le pense pas. Même si parfois je suis énervée quand mes enfants me font en retour la morale à la maison, avec le discours qu’ils ont entendu à l’école. Finalement, ça nous fait discuter, ils apprennent qu’une éducation idéologique est le compromis de valeurs publiques et de valeurs privées (l’école / la famille).

      2) Le faire au lycée ? Malheureusement au lycée il est trop tard… Et je confirme largement ce que dit Baroque sur la sexualisation à outrance : c’est bien avant le lycée que cela se passe. Rappelons qu’il n’est pas question ici que les enfants « choisissent » leur genre, mais soient sensibilisés aux stéréotypes de genre et invités à potentiellement s’affranchir de pesanteurs historiques et sociales, se donner le maximum de chances. Choisir d’être scientifique ou littéraire, audacieux ou suiveur, indépendant ou soumis, tolérant ou pas, cela se fait bien avant le lycée. Je serais ravie que ma fille ait à l’école le même discours qu’à la maison sur l’ouverture totale des possibilités de construire sa vie, quand tout dans la société et les médias la pousse à s’habiller en rose et à avoir comme perspective de vie de rencontrer un prince charmant qui lui donnera assez d’argent pour aller s’acheter des fringues et du vernis (regardez les magasines d’adolescente, les séries). Et que mon fils, de même, voit renforcé à l’école le discours de respect et l’éducation ouverte que j’essaie de lui apprendre à la maison, plutôt que de se sentir obligé de tabasser ses copains et de mépriser les filles.
      Au lycée il sera trop tard, définitivement. Quiconque s’est déjà retrouvé devant une classe de seconde le comprendra…

      Voilà quelques réflexions, de quelqu’un qui n’est pas une adoratrice de l’école républicaine, et qui compte bien ne pas laisser l’école éduquer entièrement ses enfants, mais ne crache pas sur un 2e discours allant dans le même sens…

  8. Bonjour !
    J’ai lu votre billet avec beaucoup d’intérêt. Mon jugement est réservé sur l’ensemble des problématiques que vous abordez. Je viens de lire le rapport « Eduquer contre l’homophobie dès l’école primaire » pour me faire une meilleure idée de ce dont vous parlez (en commentaires en tous cas). Peut être reviendrai-je commenter à ce propos plus tard.
    En revanche j’ai une question sur votre texte. Vous avez écrit : « Il y a une différence des sexes, personne ne le nie. Oui, elle existe, mais il faut bien, à un moment donné, qu’elle soit reconnue, qu’elle soit constituée en différence riche de sens, qu’on en ait fait la différence par excellence. » Puis vous faites ironiquement la comparaison avec un chauve par rapport à un « chevelu ».
    Est-ce qu’il ne manque pas le mot « sans » dans cette phrase ? « Sans qu’on en ai fait la différence… » Sinon je ne comprends pas exactement la logique du paragraphe.

    Ca me parait important parce que je pense qu’au fond c’est un des points d’achoppement principaux entre ceux qui sont « très gender » et ceux qui s’oppose à ces études (ou plutot, je dirai à la façon dont les conclusions de ces études sont utilisés socialement et politiquement).

    Merci pour votre blog qui est très intéressant même quand nous ne sommes pas d’accord !

    Christian

    • @ Christian

      Merci pour votre commentaire. Non, je me suis relu, il me semble que le sens est bien celui-là. La différence des sexes est bien, il me semble, la différence par excellence, dans notre société du moins – peut-être pas dans toutes.

  9. Un catho favorable au genre et donc attristé par une part de son Eglise.

    De la science. FX Bellamy veut montrer que le concept genre relève d’une théorie et que celle-ci serait fallacieuse. Il se sert d’un argument épistémologique classique sur le caractère contestable ou réfutable d’une théorie en science. Mais, prétendre que le « non débat »sur le concept de genre en sciences sociales est une preuve de sa non-scientificité est aussi absurde que dire que le non débat sur la gravité en physique est une preuve de sa non pertinence. Le genre, concept scientifique qui sert à montrer que les comportements définis comme masculin et féminin sont essentiellement construits socialement, est un outil des sciences sociales, aujourd’hui adopté par tous dans la communauté scientifique. Pour donner une référence, antérieure à la formalisation du concept, je conseille la lecture de l’œuvre de Margaret MEAD, « Mœurs et sexualité en Océanie » qui montre au terme d’une enquête rigoureuse, cette construction sociale des rôles féminins et masculins. L’utilisation du concept de genre dans des théories scientifiques peut être plus ou moins explicative et donc réfutable. Mais, au risque de me répéter, rejeter le concept en lui-même est une position de refus de la science.
    De la politique. Quand des députés se sont opposés à l’expression « promouvoir l’égalité de genre » pour préférer l’égalité homme/femme, j’ai d’abord trouvé cela comique. Il n’y a évidemment pas « naturellement » égalité entre l’homme et la femme, mais biologiquement plutôt complémentarité. D’où l’intérêt du concept de genre, il permet d’affirmer que les différences de rôles, de statuts, de comportements, de droits entre homme et femme doivent tendre vers l’égalité. Après avoir trouvé cela comique, cela m’a inquiété. Le refus d’une égalité de genre et l’affirmation d’une complémentarité homme/femme semble bien signifier une impossibilité à reconnaître l’égalité sociale entre homme/femme. En démocratie, le combat pour l’égalité reste toujours un horizon indépassable. Comme catho, l’égalité démocratique résonne fortement avec la Fraternité comme enfant de Dieu.
    De la Foi. Jeune étudiant catholique, j’ai découvert, il y a une vingtaine d’années la sociologie et le concept de genre dans mes études en économie. Cela a conforté ma foi. Si le genre n’existe pas, alors nos comportements sont guidés par la nature, par la biologie alors… en quoi sommes-nous différents des animaux ? Où peut se situer notre Liberté, essentielle à notre Foi ? A l’inverse, avec le concept de genre, nos comportements masculins et féminins sont construits socialement, c’est-à-dire, sont le résultat de notre culture humaine et notre liberté peut s’exercer. C’est pour moi fondamental et c’est ce qui me rend triste quand j’entends le discours de certains catholiques : penser le genre comme catholique est une vraie chance pour saisir en quoi l’être humain est particulier. Les sciences sociales confortent la Foi : la façon d’être au monde relève d’un choix en conscience et non d’un déterminisme biologique.
    Pour conclure, je suis inquiet de voir une partie de mon Eglise tomber à nouveau dans un piège qu’elle n’a pas su éviter dans le passé. Avoir peur de l’avancée de la science qui vient remettre en cause quelques certitudes (cela a toujours été le rôle de la science), puis rejeter ces avancées, cela s’appelle de l’obscurantisme… Je crois au contraire que plus la science nous aide à comprendre le monde, plus nous pouvons nourrir intelligemment notre foi.

  10. Pingback: Le genre, une “hypothèse idéologique” ? Deux réponses à F.X. Bellamy. « FHEDLES – Femmes et Hommes, Egalité, Droits et Libertés, Dans les Eglises et les Sociétés
  11. Plutôt que de pleurer à longueur de temps, statistiques à l’appui, sur le drame des familles monoparentales, quand donc un gouvernement digne de ce nom mettra en place le délit d’abandon irresponsable de famille ?

  12. Merci pour cet article. Les commentaires sont également passionnants.
    Je rejoins plutôt le point de vue de FX Bellamy, exprimé avec beaucoup de retenue et de finesse.

    En gros, pour être un peu plus « grossier » :

    – ces enseignements (Ligne Azur et autres) sont sans doute importants (nécessaires?) pour ceux qui ne se retrouvent pas dans le « modèle dominant », qui peuvent le trouve même invivable ;

    – pour les autres enfants/adolescents, ces enseignements peuvent contribuer à développer un regard plus tolérant sur les personnes homosexuelles ou trans. Cela est peu contestable (même si un regain d’homophobie est aussi à craindre chez certains, cf les résultats de l’anti-racisme).
    Mais cet enseignement inspiré des gender studies, mal dosé (avec interventions en milieu scolaire de SOS-Homophobie, vision queer présentée sans pincettes…) conduira à brouiller qq principes anthropologiques assez incontestables: (i) un être humain est homme ou femme (sauf pathologie), (ii) un être humain ne peut se construire totalement. Tout n’est pas socialement construit. Tout n’est pas modifiable en fonction des désirs/ressentis individuels.
    Songez aux grandes amitiés de l’adolescence: faudrait-il, au motif que l’homosexualité existe, que tous les adolescents soient conduits à interroger leurs amitiés et à sonder/tester ce qu’il pourrait y avoir de potentiel amoureux/sexuel? A l’âge où on est facilement mal dans sa peau, cela ne me paraît pas anodin de déployer une vision indifférenciée des sexes et une présentation totalement neutre des formes de sexualité possibles.

    Deux petits compléments :

    – on peut évidemment critiquer la distinction simpliste que j’ai opérée entre les deux catégories d’élèves (ceux pour qui c’est utile vs ceux pour qui c’est troublant). Je connais peu l’homosexualité mais j’entends beaucoup dire que ce n’est jamais un choix. Auquel cas ma distinction ne serait pas si inepte. Il suffirait en somme d’avoir un discours très neutre/respectueux devant tous les élèves (d’être intraitable sur les propos/comportements homophobes) et de tenir les matériaux pédagogiques type Ligne Azur uniquement à disposition des élèves qui se signaleraient (ou qui seraient identifiées par les enseignants) ;

    – si je suis réticent à la diffusion à tous de l’enseignement type Ligne Azur, c’est parce que je suis heurté par l’anthropologie sous-jacente mais aussi parce que, plus concrètement, j’ai noté que le développement des gender studies s’accompagne d’un développement des cas de transsexualité. On met souvent cela au crédit des gender studies (« tous ces gens qui souffraient en silence osent en parler et nommer le problème ») mais je me demande si il n’y a pas un rapport de cause à effet plus sournois et si les apologues du gender ne génèrent pas, en somme, l’essentiel des cas qu’ils examinent et tentent ensuite de résoudre.
    Voir sur ce point délicat (et un peu spéculatif) les développements de Philarete sur l’importance de la distinction entre intersexualité (~hermaphrodisme, réalité physique) et transsexualité (~ressenti psychologique).

    « l’extrême rareté des cas d’intersexualité n’aurait pu permettre aux spécialistes de formuler une théorie générale du rapport entre les composantes biologiques et les composantes psychosociales du sexe, si une population transsexuelle en croissance exponentielle ne s’était offerte comme terrain d’observation privilégié. Comme l’a écrit un des meilleurs connaisseurs du sujet, le philosophe et psychanalyste Pierre-Henri Castel (voir la Note bibliographique ci-dessous), l’hermaphrodisme ne permettait que des expériences, menées sur un échantillon très restreint. Le transsexualisme, lui, permit une véritable expérimentation, d’autant plus ample que l’« offre » médicale ne cessait de susciter et nourrir, voire de construire, la « demande » transsexuelle. La première « théorie du genre » s’élaborait à mesure qu’elle fabriquait, pour ainsi dire, l’objet qui servait à la valider sur le terrain expérimental. »

    http://lescalier.wordpress.com/2012/06/12/une-breve-histoire-du-genre-ii-aux-origines-dun-concept/

    • Bonsoir Stanislas, des reponses rapides sur deux points :
      – Vous dites « Mais cet enseignement inspiré des gender studies, mal dosé (avec interventions en milieu scolaire de SOS-Homophobie, vision queer présentée sans pincettes…) » : d’une part j’ai envie de demander comme a beaucoup d’opposants ce qu’ils croient avoir compris sous le vocable « vision queer » qui semble si horrifique que ca ? D’autre part, vous savez je pense que le pays a des milliers et des milliers de profs qui sont des gens comme vous et moi, et qu’il est parfaitement impossible que tous ces gens se mettent a harranguer les eleves pour les pousser a devenir transexuels. Cet une vision que se plait a colporter lamanifpourtous (ou conservateurs radicaux, nommez-les comme il vous plaira) mais qui est on ne peut plus eloignee de la realite.
      – Ensuite vous parlez d’amities innocentes ruinees par la possibilite d’un non-dit amoureux/sexuel. Vous parlez ici d’amities garcon/garcon ou fille/fille, n’est-ce pas ? Parce que de tous temps, 99% des ados ou pre-ados connaissaient la possibilite d’un amour fille/garcon et etaient quand meme capables de vivre des amities sans arriere-pensee. Pourquoi en serait-il differemment sous-pretexte qu’on apprend aux enfants la tolerance envers des formes d’amour differentes ?

      • 1- Les dispositifs type Ligne Azur ne sont pas nouveaux.
        Ce qui est nouveau c’est l’impressionnante impulsion donnée par le gouvernement :
        -voir l’immédiate réaction partisane (http://www.education.gouv.fr/cid66444/decision-de-justice-annulant-l-agrement-de-sos-homophobie.html) lorsque SOS Homophobie s’est vue retirer son agrément par la justice, qui avait reconnu le manque de neutralité de son approche (http://www.afc-france.org/education/vie-scolaire-et-education/ecole/1348-le-tribunal-administratif-de-paris-annule-l-agrement-education-nationale-accorde-a-sos-homophobie) ;
        – voir l’approche conquérante de V. Peillon (dans sa lettre aux recteurs, notamment) ;
        – voir les conclusions du rapport Teychenné demandé par Peillon (http://www.theoriedugenre.fr/?Peillon-ouvre-l-ecole-aux) ;
        – voir la création par NVB du HCEFH et sa ligne idéologique militante (http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/hcefh/presentation-et-missions/) ;
        – voir la volonté farouche d’inculquer partout cette vision de la différence des sexes: stage des magistrats (http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/06/02/01016-20130602ARTFIG00153-taubira-impose-un-stage-sur-l-identite-de-genre-aux-magistrats.php), formation des journalistes (http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/28/loi-egalite-hommes-femmes-le-coup-de-gueule-des-ecoles-de-journalisme_4355870_3224.html) ;
        – etc etc

        Oui, il y a heureusement un décalage entre la réalité quotidienne des enseignants, et l’acharnement d’en-haut à imposer cette vision. Mais cela ne dispense pas de dévoiler et de combattre ce dévoiement de la lutte contre l’homophobie et les inégalités h/f.

        2- Comment résumer ce que je désigne comme « vision queer » ?
        En matière anthropologique, je dirais que c’est la volonté de substituer à l’identité sexuelle (donnée physique, homme/femme) l’identité de genre (construction sociale, ressenti psychologique).
        Définition de l’identité de genre: « désigne l’expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chacun, qu’elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance » (définition du Conseil de l’Europe, reprise dans le rapport Teychenné).
        J’ai aussi lu avec intérêt ce qu’en dit le think tank « Autrement » (http://thinktankdifferent.com/fr/les-publications/essaie) qui propose une théorie queer de l’espace public.

        Intellectuellement, tout cela est stimulant.
        Mais, j’assume mon conservatisme, cela m’inquiète de voir tout ça mis en oeuvre « fièrement » car cela me paraît un socle bien fragile et aventureux.

        3- Sur les amitiés « troubles »
        Bien sûr qu’existent de belles amitiés garçon/fille.
        Mais n’y-a-t-il pas ambiguïté dans les débuts d’une amitié garçon/fille (lorsque les deux sont célibataires) ?
        Est-ce raisonnable de souhaiter cette ambiguïté aussi dans les amitiés garçon/garçon ?
        Faut-il vraiment pousser l' »égalité » jusque là ?
        L’éducation à la tolérance suppose-t-elle vraiment de mettre sur le même plan hétérosexualité et homosexualité ? (question anthropologique mais aussi « statistique »)

      • @ Stanislas : merci pour votre reponse ! Je ne peux pas ecrire directement sous votre message alors je le fais ici :

        1- Oui, il y a une impulsion du gouvernement en faveur de l’egalite hommes-femmes. C’est d’ailleurs le principal fait concret sur lequel s’appuient les delires anti-« masturbation en maternelle » actuels. Comment cela se traduit-il sur le terrain ? Avez-vous lu les documents « ABCD » du CNDP ? http://www.education.gouv.fr/cid76775/l-enseignement-de-l-egalite-filles-garcons-a-l-ecole.html#ABCD_de_l_egalite je cite « Il s’agit d’une démarche pédagogique conçue pour amener les élèves à réfléchir autour de certaines questions : la danse est-elle réservée aux filles ? Une femme peut-elle être pompier ? Un homme peut-il être sage-femme ? » Est-ce a ce point intolerable ? Quel est le militantisme transexuel ici ? Vous citez ensuite quelques liens :
        — l’agrement de SOS-Homophobie (l’arrete du 24 juillet 2009 n’avait pas ete signe par M. Peillon ni Mme Vallaud-Belkacem) et un communique de presse annoncant l’adaptation et la mise aux normes des contenus pedagogiques, en quoi cela est-il partisan ?
        — la derision par « theoriedugenre.fr » (l’adresse « lespetitshommesvertsdebarquent.fr » etait sans doute deja prise) du rapport Teychenne (que je n’ai pas lu) qui estime les violences homophobes a l’ecole ne sont finalement qu’une expression (naturelle et normale !) de la perception de l’heterosexualite (naturelle et normale !), « c’est-à-dire la complémentarité sexuelle et affective homme-femme » me fait assez mal au ventre. Vous avez ete enfant, vous avez ete temoin de harcelement a l’ecole non ? Etait-ce si sain pour tout le monde ?
        — le HCEFH affiche pour but, je cite : d’evaluer, etudier et formuler des recommandations sur les politiques publiques d’égalité entre les femmes et les hommes. C’est ca une ligne ideologique militante ? Quand le ministere de l’Economie evalue, etudie et formule des recommandations pour la competitivite des entreprises, c’est aussi une ideologie militante ?
        — former des fonctionnaires a l’egalite hommes-femmes c’est farouche ?
        En conclusion de ce point, lorsque je parle de la realite du terrain, cela ne s’oppose pas a ce que vous nommez « l’acharnement d’en-haut à imposer cette vision », cela s’oppose a la paranoia du complot transexualiste dans son ensemble : non le gouvernement n’est pas eugeniste et non il n’y a a aucune echelle de la societe une volonte de pervertir la jeunesse.

        2- Merci d’avoir fait l’effort de vous renseigner sur le queer (je le souligne parce que tout le monde ne le fait pas). Le probleme est qu’il s’agit moins de substituer le sexe par le genre, que de le dissocier : sexe et genre sont deux choses differentes. Je ne vois toujours pas l’horreur dans une telle conception (et je precise au cas ou que personne a la maternelle n’apprend ca)

        3- Je trouve interessant votre concept de « pousser l’égalité jusque ». Donc il y a des niveaux a l’egalite ? Les noirs doivent-ils etre aussi egaux que les blancs la ou ils sont minoritaires ? Des gamins de 10 ans se traitent de « pedes » toute la journee (la « complémentarité sexuelle et affective homme-femme » a l’oeuvre, sans doute) mais ne pourraient pas s’interroger a 14 ans sur la teneur de leur amitie ? Je citerai « fandenimier » ici : ne nous trompons pas de peur

  13. Bonjour,

    Merci à « Baroque et fatigué » (j’adore !) pour ce billet – et pour tous les autres, d’ailleurs, car je ne pense pas avoir déjà dit combien je trouve ce blog enrichissant.
    Je réagis à un des commentaires qui demande, à propos de l’ambiguïté des grandes amitiés, notamment adolescentes : « Est-ce raisonnable de souhaiter cette ambiguïté aussi dans les amitiés garçon/garçon ? »
    Et en fait de réaction, c’est « mais pourquoi non ? » Et surtout, il ne me semble pas que la question soit de la « souhaiter », mais de permettre à un ado de se rendre compte que ce n’est pas dramatique qu’elle existe.
    Croire que l’approche du genre à l’école va provoquer ce type d’ambiguïté me semble très curieux. Cela va éventuellement permettre qu’elle soit moins refoulée chez certains, ce qui me semble extrêmement bénéfique ; quant à ceux qui ne l’éprouvent pas, ils ne s’en porteront pas plus mal. L’ambiguïté d’une relation n’est pas une donnée universelle, y compris d’ailleurs entre garçon et fille en « contexte » hétérosexuel (contexte individuel, cad si les deux intéressés sont hétéros ; contexte global, cad si la société considère que les relations hétérosexuelles sont la norme à laquelle tout le monde se rattache spontanément ; il me semble que nous baignons dans une culture qui considère comme très curieux une amitié homme-femme sans ambiguïté – c’est un des éléments qui font qu’on « soupçonne » un garçon d’être homo, d’ailleurs ; « l’ambiguïté » dont il est question me semble donc souvent très construite culturellement. Pour beaucoup de nos contemporains, l’amitié homme-femme est impossible, en tout cas pas au même degré qu’entre deux personnes du même sexe. C’est évidemment à lier avec la norme hétérosexuelle dans laquelle nous vivons).
    Dernier point : la « ligne Azur » n’est pas un enseignement.

  14. Il y a un pas que je ne franchirai pas sans difficulté, c’est de parler de « norme hétérosexuelle » comme s’il s’agissait d’une donnée sociale arbitrairement élaborée à partir de formes équivalentes de sexualité.

    Nous sommes vraiment au cœur du sujet.

    J’entends bien que certaines subjectivités ressentent les choses ainsi et aspirent à une émancipation de cette domination, de cette « hétéronormalité ».

    Mais cette présentation en termes de « norme », de « domination », de « construction culturelle » me paraît erronée, essentiellement.

    « Essentiellement », car elle néglige deux différences objectives :
    – l’altérité sexuelle qui est (pour moi) d’ordre ontologique/essentiel à l’humanité. Il y a ainsi une différence de nature avec d’autres possibles distinctions entre les hommes (de type Noir/Blanc, riche/pauvre, … )
    – la possibilité de procréation (qui n’est pas anodine, même si non exclusive bien sûr d’autres formes de fécondité pour un amour homosexuel).

    Pour cette raison, un couple homme/homme est substantiellement différent d’un couple homme/femme et il me semble illusoire (et erroné) de vouloir « construire » un système qui postule le contraire (en droit de la famille, en termes d’éducation sexuelle…).

    Ce constat ne me paraît pas du tout incompatible avec un ferme refus de l’homophobie. Un statut juridique et fiscal de type « union civile » me paraît tout à fait envisageable (même si le fondement de la politique familiale n’est pas de favoriser l’amour mais de soutenir le renouvellement des générations…).

    J’admets cependant très volontiers que c’est une ligne de crête périlleuse et qu’il y a peut-être de ma part une certaine cruauté/naïveté à hasarder de tels raisonnements, sans connaître intimement soi-même la question.

    • Une question tout a fait innocente (si si) pour dissiper les malentendus : pensez-vous que l’homosexualité est choisie/apprise et non innee ?

      • Comme écrit plus haut, « je connais peu l’homosexualité mais j’entends beaucoup dire que ce n’est jamais un choix »

        Cependant, l’activité sexuelle est en grande partie choisie/apprise. Ce n’est pas exclusif bien sûr de l’homosexualité. J’entends par là la façon dont un individu vit effectivement sa sexualité: nb de partenaires, nb de rapports, émotions recherchées…

        Tout cela est (très très largement) du ressort de la volonté, laquelle s’éduque et se forme.

      • Ah voila, il me semblait bien vous avoir lu que ce n’etait pas choisi et puis une rapide recherche ctrl+F ne m’avait rien donné. Je pars du principe que vous repondiez ici a Vero et je retombe sur le sujet original : si vous confirmez qu’il n’y a pas de risque de « contamination », je ne vois pas ce qui vous derange dans l’enseignement de l’egalite et du respect des differences ?

  15. Stanislas, puisque vous évoquez la possibilité de procréation comme différence fondamentale entre un couple hétéro et un couple homo, au point de justifier un traitement différent dans l’éducation ou dans le droit : Un couple homme-femme stérile (quelle qu’en soit la raison) est-il « essentiellement » différent d’un couple homme-femme fécond (au strict sens biologique), au point de justifier de ne pouvoir se marier et adopter ? Vraiment cet argument de la procréation, volontiers avancé ces derniers mois, m’a toujours paru absurde.
    Quand je parle de norme hétérosexuelle, je pense à deux choses : une norme au sens neutre, qu’on peut relier à la majorité. De fait, la majorité de la population est hétéro et a, conséquemment, bien du mal à envisager l’homosexualité. Une norme au sens plus complexe sans doute de norme culturelle : l’hétérosexualité, comme mode de relation normal – au sens de « majoritaire » dans le genre humain, est omniprésente. On me demandait récemment quel besoin ont les homos de « s’afficher » (terme qui incluait aussi bien la gay pride, les formes de revendication diverses et variées que le fait de manifester publiquement le lien qu’on a avec une personne du même sexe, par exemple en lui tenant la main publiquement). Or, on ne se pose pas la question pour les hétéros, qui « s’affichent » en permanence, de manière totalement inconsciente pour la plupart (je n’ai évidemment aucunement l’impression de m’afficher quand je me promène avec mon époux main dans la main) – il n’y a qu’à songer au foin que fait tout livre ou film qui parle d’un amour homosexuel, même quand il tente de le faire de manière « neutre » cad avec les mêmes procédés que n’importe quelle histoire d’amour, pour mesurer que la norme hétérosexuelle est omniprésente.
    Or, oui, je suis favorable à une neutralisation de ces visions de la sexualité. Il n’est ni mieux ni pire d’être homo ou d’être hétéro – comme, dans l’absolu, il n’est ni mieux ni pire d’avoir des enfants, pour revenir à la question de la procréation. Lorsqu’on s’inquiète que l’homosexualité soit aussi visible que l’hétérosexualité (on en est très très loin !), on hiérarchise l’une par rapport à l’autre, avec très généralement une dimension morale à cette hiérarchisation (on peut hiérarchiser par rapport aux besoins de l’humanité de se reproduire, mais alors hiérarchisons pour tous les couples stériles – ceci dit, dans l’Eglise, c’est largement le cas, le choix de ne pas avoir d’enfant étant nécessairement négatif). L’important est dans la relation, dans l’honnêteté, la sincérité, la dimension constructive de celle-ci, sa fécondité au sens large etc.

    Dans les documents dont on parle dans les querelles actuelles autour de l’éducation à l’école, il y a deux choses :
    – la « neutralisation » des comportements en termes de genre. Jouer à la poupée n’est pas « naturellement » féminin, démonter les voitures n’est pas « naturellement » masculin. Cela n’empêche ni les filles de jouer à la poupée, ni les garçons de démonter les voitures, ça permet juste aux garçons qui aiment jouer à la poupée d’être 1° acceptés par les filles 2° pas enquiquinés par les garçons. Et vice-versa. En gros, ce n’est ni bien ni mal pour une fille de jouer au foot et pour un garçon de détester le rugby, et vice-versa. C’est une ouverture du champ des possibles. (et pour ceux qui s’y opposent, rassurez-vous, les forces inverses sont à mon avis bien plus puissantes que les profs).
    – la « neutralisation » des orientations sexuelles, du moins entre hétéréosexualité et homosexualité (non,on ne légitime pas la polygamie ni la zoophilie, ni sur la Ligne Azur, ni dans les manuels de SVT, ni dans les cours de philo). Ceci me paraît extrêmement important, quand on sait le degré de souffrance qui peut toucher de jeunes homos découvrant leur orientation sexuelle. J’ai du mal à croire que ça déstabilise les jeunes hétéros.
    Le lien entre les deux étant facilement fait par la lutte contre l’homophobie, parce que pour se moquer d’un garçon qui joue à la poupée, on le traite de « tapette ». Quand on aura admis qu’un garçon hétéro peut jouer à la poupée, et qu’être homo n’est pas une tare, les cours d’école se porteront mieux (elles sont pleines d’autres problèmes, certes).
    Pour ma part, je rêve d’une société où je n’aurais plus à me demander si je dois prévenir les gens quand j’invite en même temps qu’eux mes copains homos ; et où on arrêtera de me demander ce que je fais des enfants quand je suis en déplacement (ou alors qu’on le demande à tous mes collègues masculins également, ce qui revient au même).

  16. Merci pour vos réactions.

    Le sujet est sensible à bien des égards et je crains de manquer de délicatesse. Il va devenir difficile de continuer sur la ligne de crête (que j’évoquais plus haut).
    Au point de la discussion où nous sommes rendus, je ne suis pas sûr qu’on puisse attendre bcp des échanges anonymes par blog interposé 😉

    Je rêve pour ma part d’une société où les personnes homosexuelles pourraient se sentir à leur place, sans que cela implique pour autant de voiler pour tous la différence essentielle entre homme et femme.

    A la limite, je pourrais « renoncer » à cette distinction anthropologique si on me persuadait que cela n’entraîne pas des confusions dommageables (et évitables) pour la construction des adolescents.
    Ce n’est pas la « contamination » que je redoute mais la confusion, la généralisation de comportements sexuels exploratoires et uniquement récréatifs. Le fameux caractère « intrinsèquement désordonné », à mon sens, est peut-être « injuste » et ne s’applique en tout cas pas uniquement aux comportements homosexuels.
    Mon expérience et mon intime convićtion restent qu’une sexualité « désordonnée » (cad échevelée, mais surtout entièrement déconnectée de sa fin) n’est pas là le chemin du bonheur. Et que ce n’est pas qu’une question de « regard des autres ».
    Pb: comment on fait qu’on n’a pas le choix? Je n’aime pas trop la réponse « il reste l’abstinence »….

    Voilà, je me trompe peut-être sur l’ampleur et sur la gravité du mensonge anthropologique promu par le gouvernement… (Les explications de sympl ci-dessus ne me convainquent pas du tout)

    Je regrette que ne soient pas explorées des façons plus justes de lutter contre les inégalités h/f et contre l’homophobie.
    Et partant que nous soyons en quelque sorte sommés de choisir entre deux maux: homophobie ou adhésion a l’idéologie gender.

    • Moi qui croyais avoir fait preuve de clarté et de logique, je suis un peu vexé, mais je m’en remettrai ! Le plus triste et que vous continuiez a croire mordicus, avec ces pauvres familles illettrees qui retirent leur enfant de l’ecole, qu’il existe une « ideologie gender ».
      Enfin je ne crois pas qu’avoir des enfants soit _le_ chemin (unique ou principal) du bonheur. En avoir plusieurs a été a une epoque necessaire pour faire face au taux de mortalité. De nos jours, sur une planete qui arrive a epuisement, la fecondité humaine me semble etre un effet indesirable du tumulte de la vie. Mais c’est un tout autre sujet.

      • Oui, c’est un autre sujet et je pense qu’aucun de nous ne se risquera à assigner à autrui un chemin de bonheur obligé!

        Pour ma part, je prends acte du désir d’un certain nombre de personnes homosexuelles de fonder une « famille comme les autres » (et donc de viser ce bonheur-là), et je m’interroge sur une possible impasse anthropologique. Quand bien même les mentalités et le droit positif changeraient (ce qui est probable), je doute fort qu’une « famille homoparentale » vive selon la même dynamique et constitue la même réalité humaine qu’une famille. Cela fera peut-être des déçus…

        Je suis très loin d’être convaincu de l’innocuité et de la pertinence du socle des gender studies, relativisant la distinction objective homme/femme (lui niant en tout cas tout caractère ontologique/essentiel).
        Je vous ai cité plusieurs sources. J’en ajoute une, éclairante pour le juriste que je suis.
        Dans un avis de 2012, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) se penche sur la perspective de genre : http://www.cncdh.fr/sites/default/files/12_03_22_avis_sur_la_perspective_de_genre.pdf
        On retrouve, comme toujours dans les gender studies, un certain tâtonnement conceptuel (le glorieux flou censé refléter la richesse et la variété de la vie même) et surtout une nette instrumentalisation des concepts.
        Pquoi donner autant de place à ce concept de « genre » ? Non pas d’abord parce qu’il est pertinent, qu’il rendrait compte avec justesse de l’ensemble de la réalité. Mais parce qu’il sera commode pour lutter contre l’homophobie.
        « Le genre est un concept opératoire, acquis aux niveaux national et international, pour faire
        progresser l’égalité entre les hommes et les femmes.  » (§9). Quelle rigueur…

        Cela étant, l’existence de l’homosexualité est en elle-même évidemment une réalité, dont rend assez mal compte une certaine lecture traditionnelle et rigide de la complémentarité homme/femme.
        Pour ma part, je sors de ces 18 mois de « débat » avec la volonté de creuser cette question, de ne pas laisser passer certaines aberrations, aussi expertes soient-elles (voir rapport OMS sur éducation sexuelle: https://www.sante-sexuelle.ch/wp-content/uploads/2013/11/Standards-OMS_fr.pdf) mais aussi d’ajuster ma compréhension, comme catholique, comme juriste et comme père de famille.

        A ce titre, encore merci à notre bloggeur hôte, et mes excuses à ceux qui auraient été heurtés par mes malhabiles réflexions…

    • la différence « essentielle » entre l’homme et la femme, pour ma part (et vous aurez compris que je suis farouchement hétéro 😀 ), je la cherche toujours. En dehors de la grossesse, on est d’accord, sauf qu’on n’en est pas moins femme si on n’est jamais enceinte, ce qui du coup limite la dimension « essentielle » de la différence. En termes de comportements, de modes de pensée, d’affinités.. nous avons, homme et femme, tous les possibles devant nous.
      Il ne s’agit d’ailleurs pas nécessairement d’envoyer bouler tous les « codes » masculin ou féminin ; mais de garder en tête que ce ne sont que des codes, et que celui qui est en souffrance face à eux peut très bien vivre en ne les respectant pas sans que cela soit une catastrophe pour lui ni pour qui que ce soit.
      en revanche, je suis totalement d’accord avec vous sur le fait qu’une sexualité « désordonnée » n’épanouit pas. Mais je ne crois pas que la sexualité entre personnes de même sexe soit « intrinsèquement désordonnée ». On peut faire de l’éducation à une sexualité respectueuse des personnes sans hiérarchiser homosexualité et hétérosexualité.

  17. Pingback: Trouble dans la déviance | Ryosai
  18. Un certain nombre de points d’accord avec toi dans ton billet. Je me frotte peu au genre, compte tenu des caricatures que je lis trop ici ou là, et notamment chez ceux qui poussent les hauts cris simplement parce que le terme est mentionné, sans chercher à savoir ce qui est dit.

    Il est également assez inévitable que les réactions soient vives lorsque des initiatives sont mises en place par un gouvernement dont tu constates toi-même qu’il est pour le moins flou sur le sujet, quand il n’est pas clairement idéologue. Que l’on m’explique qu’il s’agit de permettre aux garçons et aux filles qui ne vivent pas leur garçonnité et leur fillitude comme tout le monde ne me pose aucun problème. Mais je ne parviens pas à faire confiance à Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem et encore moins à un certain nombre de syndicats d’enseignants actifs dans la préparation de ces programmes pour le faire.

    À titre d’exemple, j’ai pris le livre « Papa porte une robe » comme un exemple extrême et excentrique du débat, brandi par les anti mais ayant très peu de chance d’être utilisé un jour dans une école… jusqu’à ce que je découvre qu’une école de Versailles a fait venir l’auteur pour parler de son livre et de ce qu’est être un travesti. Et les autorités ont soutenu l’initiative.

    On est bien loin, là, d’une approche saine du genre.

    Que ce soit un crève-cœur pour ceux qui fondent des attentes légitimes sur le sujet de le voir ainsi caricaturé, je le comprends. Ce sera à ranger dans les bonnes idées promues par des imbéciles.

    Une petite chose pour finir, parce qu’il me semble que tu n’as pas souhaite exercer ton esprit critique et neutre avec la même intensité sur la Manif Pour Tous, alors même que l’argument que tu avances l’a été 100 fois et qu’il y a été répondu au moins 50.

    (1) Personne n’a fait croire que la PMA et la GPA seraient liées au « mariage pour tous ». Le fait est que la PMA pour les couples homosexuels a été annoncée concomitamment. Pour la GPA, plusieurs ministres en charge de ces questions s’étaient prononcés en faveur de son adoption, de sorte qu’il ne me paraît pas absolument idiot de ne pas avoir attendu qu’on nous présente la chose comme « inéluctable » pour protester.

    (2) Oui, la PMA et la GPA font l’objet d’une opposition plus grande lorsqu’il s’agit de couples homosexuels. Parce que nous sommes des salauds qui ne nous réveillons que lorsque ces homosexuels que nous abhorrerions seraient en cause ? Non, pour la même raison que nous avons réagi à l’adoption, et de façon plus cruciale encore : il s’agit, dans ce cas, de mettre délibérément au monde un enfant que l’on privera d’un père ou d’une mère. On peut penser que cela fait une forme de différence.

    Bref, je comprends ta volonté de sortir des caricatures faciles et, parfois, parfaitement stupides sur la question du genre mais c’est à charge de revanche : ne nous caricature pas en retour.

    • -> Personne n’a fait croire que la PMA et la GPA seraient liées au « mariage pour tous ».

      Je suis désolé mais j’ai du mal à y croire. La PMA existe en France depuis 1994 sans avoir suscité beaucoup d’opposition des catholiques. Bien sûr, les évêques ont exprimé justement quelques réserves mais je ne me souviens pas d’une mobilisation massive des catholiques. Le seul évènement qui ait fait descendre en masse les catholiques dans la rue dans les années 90 fut… le Pacs. Comprenez donc qu’on ait quelques doutes face à vos protestations sur l’homophobie de la Manif Pour Tous.

      • En effet, les réserves des catholiques (et autres conservateurs) sur l’AMP (avec donneur tiers) et la GPA ne sont pas nouvelles et concernaient les couples homme/femme. Vous avez raison: elles sont très loin d’avoir suscité semblables mobilisations que contre le Pacs et le « mariage pour tous ».
        Mais c’est difficile de mobiliser contre une évolution lente qui se fait au terme d’une suite d’amendements parlementaires, de jurisprudence innovante, de pratique entrée dans les mœurs…

        Rien à voir avec la « fierté » des promoteurs du « mariage pour tous » et leur ambition affirmée de faire évoluer les mentalités!

        Les opposants au « mariage pour tous » ont sans doute en commun de ne pas considérer un couple de même sexe comme une réalité équivalente à un couple homme/femme. Ils considèrent que « traiter également des situations différentes ne crée pas moins d’injustice que traiter différemment des situations comparables ».(http://www.atlantico.fr/decryptage/mariage-homosexuel-collectif-hauts-fonctionnaires-interpelle-president-republique-720011.html)

        Je ne crois pas raisonnable de désigner cela comme de l’homophobie (en tout cas, cette position ne remplit pas les critères de l’infraction pénale, thanks God!)

        Cette position, encore largement majoritaire en France, repose sur deux constats assez simples (mais l’un et l’autre contestés) :
        – l’altérité sexuelle comme réalité anthropologique essentielle (ce que réfutent les disciples des études de genre) ;
        – l’ouverture à la procréation (ce que tend à contourner la revendication d’une « PMA sociale »).

    • @ Koztoujours

      Merci pour ton commentaire.

      Je ne vois pas ce que les ouvrages type « Papa porte une robe » auraient de dangereux. On est dans la littérature pour enfant gentillette, parfois bêtifiante, mais du même ordre que ce qui a pu être fait sur le racisme en d’autres temps, et encore aujourd’hui d’ailleurs. Dans les cours de récréation, des enfants ont des parents, des oncles, des tantes, des cousins, des frères et sœurs homosexuels. Pendant ce temps, dans de nombreux milieux, et hélas, dans le discours d’institutions comme l’Église catholique, l’homophobie reste prégnante. Il me paraît donc essentiel de faire passer, pourquoi pas dès le plus jeune âge, le message suivant : l’homosexualité, ça existe, ça n’a rien d’anormal ou d’effrayant, et quoi qu’en disent vos parents, l’imam ou le curé, les personnes homosexuelles doivent être respectées exactement comme les autres.

      Pour le reste, on n’en sort pas, j’ai vraiment l’impression que les homosexuels sont, pour la Manif pour tous, des boucs émissaires bien commodes. Qu’un enfant soit élevé par deux femmes ou deux hommes, cela ne présente, de l’avis de la plus grande partie des spécialistes (voir en particulier les amicus briefs publiés par les associations médicales professionnelles américaines), pas le moindre danger. Face au danger très hypothétique que représenterait la parentalité homosexuelle, on met des centaines de milliers de personnes dans la rue, alors que face au péril très réel et autrement plus grave que la PMA (ou l’expérimentation sur l’embryon…) fait peser sur la vie humaine depuis trois décennies, on n’a jamais fait autre chose que des colloques avec médecins, philosophes et théologiens sur le thème « houlala, attention à ne pas laisser la bride sur le cou à la technique, Orwell Huxley tout ça ».

      Je veux bien que la Manif ait été le reflet d’inquiétudes plus globales – j’en suis même convaincu. N’empêche, il n’était ni opportun, ni pertinent de se mobiliser de cette façon et à cette occasion. Vous étiez prévenus. Pas mal de gens avaient dit « attention, quoi que vous fassiez, vous passerez pour homophobes – même ceux d’entre vous qui ne le sont pas – et ce sera bien fait ». Comment diable veux-tu que les catholiques, qui tolèrent depuis des décennies, malgré les évolutions sociales en cours, que l’institution à laquelle ils se rattachent tienne un discours homophobe qui contribue sensiblement à compliquer, sinon à rendre impossible la vie des personnes homosexuelles dans de nombreux pays, puissent manifester sur ce sujet sans être cloués au pilori ? C’était inévitable – même si je n’aime pas les mises au pilori, pas plus celles des gens avec lesquels je ne suis pas d’accord que les autres. Je sais que tu es favorable à une évolution de l’Église sur cette question. Mais ne serait-ce pas, précisément, un combat plus urgent que cette lutte don-quichottesque contre une loi qui ne menace personne… ?

  19. Juste à titre d’information : le livre Papa porte une robe raconte l’histoire d’un père boxeur qui à la suite d’un mauvais coup décide alors d’exercer le métier de danseur. Dans ce cadre, oui, il se maquille et porte une robe, oubliant parfois d’enlever sa tenue lorsqu’il rentre chez lui, ce qui ne manque pas d’engendrer des moqueries que son fils vit mal. Tout s’arrange lorsque le vilain travelo sauve un chat, devenant ainsi le héros du village, enfin accepté malgré sa « différence ». Je trouve pour ma part, en imbécile heureux mais surtout informé, que c’est une histoire originale et qui montre parfaitement ce qu’est le genre. En tout aussi réussi et beaucoup plus accessible qu’un pauvre exemplaire de littérature jeunesse, il y a Madame Irma, de et avec Didier Bourdon. Gageons que les enfants qui ont vu le film ne deviennent pas tous travestis, ou pire…

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