La sainteté pour tous

« Le Christ, dans son enseignement, paraît ne s’être jamais inquiété de nos goûts singuliers. Il ne lui importe aucunement de connaître les bizarreries de nos inclinations. Son exigence, sa terrible exigence, et qui est la même pour tous, c’est que nous soyons purs, c’est que nous renoncions à notre convoitise quel qu’en soit l’objet. La réprobation du monde à l’égard de l’homosexualité, et qui est d’ordre social, n’offre aucun caractère commun avec la condamnation que le Christ porte contre toutes les souillures, ni avec la bénédiction dont il recouvre les cœurs qui se sont gardés purs : Beati mundo cordes quoniam ipsi Deum videbunt. » (François Mauriac, « Les catholiques autour d’André Gide », Hommage à André Gide, NRF, 1951, p. 103-107).

Il m’a fallu du temps pour me décider à écrire ce billet. Au fond, ce n’est pas plus mal : pour autant que je puisse en juger, beaucoup de choses très intéressantes ont été dites de part et d’autre. Je voudrais tenter d’expliquer ici pourquoi, de mon point de vue – et avant tout en catholique –, je ne suis pas hostile à ce que des couples de même sexe puissent se marier et adopter des enfants. Comme la citation liminaire le laisse entendre, je vais, si vous le voulez bien, commencer par le début. J’entends déjà les protestations véhémentes sur le thème « vous nous faites le coup de l’homophobie, c’est trop facile, etc. » Il me semble pourtant difficile de ne pas partir de là. L’Église catholique qui fait campagne contre le mariage de deux personnes du même sexe est aussi l’Église catholique qui enseigne que les tendances homosexuelles sont objectivement désordonnées, et les actes, intrinsèquement désordonnés (Catéchisme de l’Église catholique). Il est impossible de les dissocier l’une de l’autre.

En tant que chrétien, et même en tant que chrétien catholique, il me semble impossible de porter un jugement négatif au for externe sur le comportement des personnes homosexuelles. Je ne suis pas un adepte du nous-ne-jugeons-pas-la-personne-mais-les-actes, qui me semble relever d’une assez piètre apologétique. Je ne crois pas qu’il soit possible, pour un chrétien, de distinguer des actes bons et des actes mauvais, en faisant abstraction de la personne qui les accomplit. Peut-être est-ce à la rigueur possible, mais cela n’aurait guère d’intérêt. Les actes ne devraient nous intéresser qu’en tant qu’ils sont l’expression d’une relation à Dieu et d’une relation au prochain – car c’est la seule chose qui compte, n’est-ce pas ? Et j’ai toujours en vain attendu qu’on me montre en quoi une relation amoureuse, un baiser ou un acte sexuel entre deux personnes du même sexe exprimeraient intrinsèquement une relation pervertie à Dieu ou au prochain.

Trop de condamnations de l’homosexualité que j’ai pu lire ici ou là s’appuient sur des naturalismes de mauvais aloi (« c’est contre-nature »), des anthropologies péremptoires (« hors du couple homme-femme, point de salut ») ou des psychologies dépassées (« les homosexuels sont immatures »). Trop peu sur l’Évangile. Et pour cause : on serait bien en peine d’y trouver quoi que ce soit qui permette de réprouver moralement l’homosexualité. Le Christ n’a vraisemblablement jamais prononcé le mot « nature ». Il ne s’est pas incarné pour donner des fondements anthropologiques aux sociétés humaines, mais pour nous sauver ; et il n’avait pas lu Freud.

Le texte proposé par la conférence des évêques de France est profond, réfléchi, et beaucoup plus intéressant que certaines déclarations médiatiques. Mais, à mon humble avis, dans la partie concernant l’homophobie, il laisse de côté une partie du sujet : les homosexuels n’attendent pas qu’on « approuve leurs actes », mais d’une part, qu’on leur permette de donner un cadre juridique aussi solide que possible à leurs éventuelles aspirations à la vie commune, et d’autre part, s’ils sont croyants, qu’on leur propose un chemin de sainteté. Ce n’est pas le cas actuellement : les évêques ont-ils réfléchi à la façon dont réagiraient les laïcs catholiques hétérosexuels, s’ils se voyaient proposer de s’abstenir de tout acte sexuel, même dans le cadre du mariage ? C’est pourtant ce à quoi ils appellent les homosexuels.

Comme l’écrit Jacques Ellul, « il n’y a pas de morale universelle décrite dans la Bible. Il y a un appel à la conversion, et à partir de là, volonté de vivre en accord avec Dieu ». Si je suis bien les deux citations d’Ellul et de Mauriac (ô rives de la Garonne !), qui me semblent pouvoir recueillir un large consensus chez les chrétiens de toutes dénominations, et que je prends une personne humaine, accessoirement animée de désirs homosexuels, à quoi, avant tout, est-elle appelée par le Christ ? À se convertir. À vivre en accord avec Dieu. À purifier son désir. À renoncer à sa convoitise. Et cela, j’en conviens, peut l’amener temporairement au moins à renoncer à certaines relations, à certains actes auxquels son désir l’appelle.

Mais au fond, en quoi cette situation est-elle différente de celle d’une personne qui serait animée de désirs hétérosexuels ? (Je prends ici « désir » dans un sens très large, il ne s’agit pas que du désir physique, mais du désir d’être proche de l’autre, de le connaître, de vivre à ses côtés, etc. ) Pourquoi s’arrêter à l’objet du désir, quand il ne devrait être qu’un critère parmi tous ceux que nous prenons en compte quand nous décidons de ce que nous allons faire de notre désir. Quel que soit l’objet de mon désir, c’est de la façon dont je choisis de prolonger ce désir et de lui donner un sens, que je vais tirer du bien. Mon prochain peut être animé du désir de s’enrichir : je ne peux pas porter de jugement sur lui s’il poursuit cet objectif, et même s’il s’enrichit effectivement. C’est entre Dieu et lui ; l’Église, au sens le plus large qui soit, est là pour le mettre en garde contre les risques que l’enrichissement fait courir à la relation qu’il entretient avec Dieu et avec son prochain.

Mon prochain, en l’occurrence un homme, désire une femme : c’est entre Dieu et lui, entre cette femme et lui. L’Église est là pour le mettre en garde contre les risques qu’une relation amoureuse fait courir à la relation qu’on entretient avec Dieu et avec son prochain – mais aussi pour lui faire voir tout le bien qu’on peut en tirer pour soi, pour l’autre et pour les autres. Supposons maintenant que mon prochain ne désire plus une femme, mais un homme : il me semble que ce que je viens d’écrire reste valide. Bien sûr, comme toute relation, et même comme toute activité humaine, son désir pour cet homme est à la fois une chance et un risque dans sa relation à Dieu et dans sa relation à son prochain. Mais alors, qu’est-ce qui doit changer ? L’orientation générale de son désir amoureux vers les hommes ou les femmes ? Ne doit-il pas plutôt traduire ce désir en actes, en s’efforçant, comme chacun d’entre nous doit le faire, de le purifier, de renoncer à sa convoitise, à sa volonté de posséder l’autre ?

Si certains tiennent à certaines références anthropologiques, à une « norme », ils reconnaîtront que le Christ nous appelle à la sainteté, et non à avoir une sexualité « normale ». La seule norme de mon désir, c’est la sainteté. Si mon désir se met en travers de la sainteté à laquelle je suis appelé, je dois me convertir, convertir mon désir. Non, vraiment, je ne vois pas en quoi les homosexuels sont dans une situation fondamentalement différente de celle du jeune homme et de la jeune femme catholiques dans lesquels beaucoup de lecteurs se reconnaîtront : ils veulent construire une relation durable, qui contribue à faire d’eux des saints, et pour cela, doivent purifier leur désir, le transformer, en le faisant passer au feu de l’amour divin.

En ce qui concerne la filiation, si je comprends bien, il y a, grosso modo, deux types de situations. D’une part, des familles recomposées dans lesquelles des enfants vivent avec deux adultes de même sexe. Les choses seront plus simples, le mari de M. Durand ira chercher les enfants de son conjoint à la sortie de l’école, et voilà. Pas de quoi faire la révolution : que le couple « recomposé » soit hétérosexuel ou homosexuel, le risque de fragiliser les relations entre l’enfant et ses parents biologiques est exactement le même. D’autre part, les couples homosexuels souhaitant adopter un enfant ; il n’y en aura pas des millions, et les enfants adoptables seront certainement mieux avec un couple homosexuel stable que dans un orphelinat ukrainien. Le jugement défavorable que nous portons sur le comportement sexuel de certains hétérosexuels ne nous amène pas à interdire à un couple hétérosexuel stable d’adopter, n’est-ce pas ? Il suffit d’étendre ce raisonnement aux couples homosexuels.

En résumé, il me semble que, contrairement à ce que beaucoup affirment, le mariage homosexuel n’introduit pas de rupture dans l’ordre de la filiation. Dans tous les cas, si rupture il y a, elle a déjà eu lieu. Peu importe que l’homme divorcé ait formé un nouveau couple avec un homme ou avec une femme. Peu importe que l’enfant orphelin ou abandonné soit adopté par un couple hétérosexuel ou homosexuel. Je ne dis pas que le divorce ou l’abandon d’enfants soient à encourager : j’essaie simplement de montrer que le problème préexiste à la question du mariage homosexuel, et que le mariage homosexuel n’en modifie pas substantiellement les termes.

Quant au cas dans lequel une femme vivant en couple avec une autre femme souhaiterait avoir un enfant, j’ai bien peur de ne pas très bien voir comment on pourrait empêcher qu’il survienne, mariage homosexuel ou pas. (« Halte ! Police des mœurs ! Monsieur Z*, êtes-vous en train de faire un enfant en douce à Madame L*, qui vit en couple avec Madame J* ? Non ? C’est juste pour le plaisir ? Tout va bien alors, circulez ! »). La gestation pour autrui, les adoptions frauduleuses, ce n’est pas le sujet : le problème est exactement le même s’agissant d’un couple homosexuel ou d’un couple hétérosexuel.

Si nous nous intéressons maintenant au mariage dans sa dimension interpersonnelle, il me semble qu’il y a quelque chose de paradoxal dans l’opposition de nombreux catholiques au mariage de deux personnes homosexuelles. Ils réprouvent le comportement amoureux des homosexuels, et dans le même temps, leur interdisent l’accès aux institutions qui encadrent le comportement amoureux qu’ils jugent idéal. Il suffit de regarder autour de nous pour constater que tous les homosexuels ne passent pas leur temps à rechercher des partenaires multiples dans les backrooms du Marais – comportement qui, dans son principe, est loin d’être rare chez les hétérosexuels. Quand bien même il existerait un seul couple homosexuel stable, et animé d’un désir sincère de mener une vie commune durable (en tant que chrétien, j’ai du mal à ne pas interpréter ce désir comme un appel à la sainteté), il serait bon que ce couple puisse se marier. Pourquoi pas, donc ? En tout cas, il ne semble pas pertinent d’en faire un cheval de bataille. Comme le sabbat, le mariage est fait pour l’homme – et non l’homme pour le mariage ; d’un point de vue chrétien, le mariage civil n’est pas une fin en soi, mais peut être mis au service d’un chemin vers la sainteté.

Pour conclure, je dirais que ce débat a été l’occasion pour l’Église, une fois de plus, de se couper des homosexuels, qui représentent pourtant une fraction non négligeable de la population, à laquelle l’Évangile doit être annoncé. Je trouve cela regrettable : l’Église a quelque chose à dire aux homosexuels, et sans doute autre chose que le discours inaudible qu’elle leur adresse encore trop souvent. Le document récemment rendu public par les évêques de France est encourageant. Mais peut-être pourrait-on, tout simplement, renoncer à faire peser une réprobation spécifique sur les relations amoureuses entre personnes du même sexe, et se contenter d’appeler ces dernières à la sainteté. En somme, leur annoncer cette « terrible exigence » du Christ, qui vaut pour eux ni plus ni moins que pour ceux qui s’éprennent de personnes d’un sexe différent : que chacun renonce à sa convoitise ! Si j’étais pape, voilà ce que je leur dirais, en substance. « Pendant des siècles, nous avons contribué à vous mettre au ban de la société ; ça n’est certainement pas ce que nous avons fait de mieux. Difficile de devenir un saint quand on paye des matelots pour assouvir ses pulsions, ou qu’on épouse Albertine pour camoufler une relation coupable avec Marcel. Maintenant que nous vous laissons à peu près tranquilles, profitez-en ! Vous voulez vous marier ? Allez-y ! Foncez ! Montrez-nous de quoi vous êtes capables ! Rendez-vous à la première béatification d’un couple homosexuel ! ».

28 réflexions sur “La sainteté pour tous

  1. « Difficile de devenir un saint quand on paye des matelots pour assouvir ses pulsions, ou qu’on épouse Albertine pour camoufler une relation coupable avec Marcel. Maintenant que nous vous laissons à peu près tranquilles, profitez-en ! Vous voulez vous marier ? Allez-y ! Foncez !  »

    une vision du mariage comme remède à la concupiscence ?

    • Ah ah ! Mais oui ! Entre autres, et à condition que cela ne vienne que dans un second temps, le négatif après le positif : il ne s’agit pas avant tout de remédier à la concupiscence, mais de trouver un chemin de sainteté !

  2. Le Christ n’a pas « fondé » une morale. Soit.
    Mais l’Eglise – corps social & corps du Christ – se doit de délivrer un message en accord avec la Parole de Dieu et en accord avec la société dans laquelle elle s’exprime et qu’elle veut (de moins en moins hélas) structurer.
    J’avoue avoir une opinion « injuste » sur l’homosexualité même si j’ai une relative sympathie pour les lesbiennes dont j’assimile la relation intime à une cross-masturbation (recherche de plaisir dans un environnement d’hostilité au mâle).
    Séparons clairement les « activités de plaisir » de tout acte social qui « détruit les principes d’organisation » de la société : quand le Cardinal Barbarin dit que l’union civile (répétons qu’il ne s’agit pas d’union religieuse) est la voie ouverte à toutes déviations.
    Quant à l’adoption, que chaque enfant puisse dire « papa » et « maman » …. même s’il y en a tant qui en sont privés, ne généralisons pas l’exception !

  3. je me permettrais seulement de relever cette phrase au débu de ce mot: « Je ne suis pas un adepte du nous-ne-jugeons-pas-la-personne-mais-les-actes, qui me semble relever d’une assez piètre apologétique. Je ne crois pas qu’il soit possible, pour un chrétien, de distinguer des actes bons et des actes mauvais, en faisant abstraction de la personne qui les accomplit » ; d’une certaine façon l’auteur exprime pourtant une vérité en creux. il est absolument FONDAMENTAL pour lavie en société et encore plus la vie fraternelle en Eglise de distinguer de bonne façon entre l’acte posé et le coeur de la personne qui le pose. sinon nous allons au pire des résultats! parfois, l’argument tel que l’Eglise officielle l’utilise (et que l’auteur rappelle en une sorte d’expression toute faite) peut paraitre désuet ou utlisé à rebours. il n’en reste pas moins que la distinction est vitale à garder; si non, il n’y a plus de pardon possible tout simplement! pas de réconciliation; au point de vue sociétal, pas de ré-insertion envisageable… c’est aussi ce qui fonde l’analyse d’une question comme celle du mariage entre personnes homosexuelles ou l’adoption (qui en est la conséquence): il y a l’acte d’un côté qui peut se justifier par bien des aspirations modernes, il y a le bien d’un coeur à considérer… celui, je pense d’abord à lui, de l’enfant. car il n’est pas grand monde jusqu’a maintenant qui soit venu en parler du point de vue de l’enfant! je me rappelle des arguments mis en avant lors de débats sur le divorce voila quelques décennies: d’aucuns disaient que les enfants le vivaient relativemen bien… a–on interrogé les mêmes enfants issus, nés dans le divorce pour savoir aujourd’hui comment ils le percevaient, ce que cela a ou n’a pas permis de leur entrée dans un monde relationnel adulte et affectif? cela serait une attention importante… pour savoir si l’acte posé et justifié dans le passé permet ou pas au coeur devenu adulte aujourd’hui son développement, sa construction. la société et la vie actuelle est suffisamment san repère pour éviter de multiplier pour certains, les plus démunis surtout par la vie, les occasions d’être perdus à l’avenir… que le principe mis en avant pas l’Eglise puisse valoir pour ma réaction: pardonnez-moi l’acte de cette réflexion, car il ne traduit pas tout mon coeur… il ne le trahit pas non plus si de lui un dialogue peut naitre.

  4. Tu parles beaucoup du désir, pour les personnes hétérosexuelles ou homosexuelles. Mais le désir de faire quoi ?

    Le désir doit être fécond, et non pas se suffire à lui-même.

    Parce que si c’est le désir de vivre ensemble durablement, ce qui me paraît en effet sain(t), pour ne plus être seul, pouvoir se confier à un autre, cela me paraît assez basique, primaire. Essentiel certes, mais insuffisant.

    Le vrai fruit de ce désir me paraît assez visible pour un couple hétérosexuel : se sanctifier l’un-l’autre, fonder une famille, avoir des enfants, les élever et leur apprendre à devenir saints. C’est cela, le but du mariage.

    Mais pour un couple homosexuel ? Ils peuvent porter du fruit individuellement, c’est une évidence. Mais en couple ? Je ne vois pas. Peut-être est-ce parce que je n’en fréquente pas réellement. Mais réellement, je ne vois pas ce qu’un couple homosexuel porte comme fruit en tant que couple, ni ce qu’il produirait en tant que couple marié.

    • @Goéland

      Pourquoi diable faudrait-il avoir des enfants pour devenir des saints ? Oui, à mon avis, le problème vient du fait que tu n’en fréquentes pas réellement. Tu comprendrais qu’ils ont à peu de choses près les mêmes aspirations que toi, et qu’une relation de couple, pour eux aussi, peut porter du fruit. Et avant de dire que le désir d’un autre n’est pas fécond, à mon humble avis, il faut tourner soixante-dix-sept fois sa langue dans sa bouche…

  5. De fait, si le mariage ne vise que la consécration d’un sentiment (considéré comme forcément positif, car spontané), alors on peut en faire tout et n’importe quoi. Y compris les dérives dénoncées par certains (dénonciations qui font pousser aux autres – peu enclins à assumer leur argumentation jusqu’au bout – des cris de vierges effarouchées).

    Je zappe les argumentations sur les enfants (où tu fais des circonvolutions, le cœur de ton argument étant sur le point que j’identifie ci-avant).

    Je trouve assez paradoxal que tu récuses tout argument fondé sur la nature.. et qu’en même temps, tu sacralise le désir homosexuel… parce qu’il paraît naturel à ceux qui le ressentent.

    La spontanéité ne peut être le critère de vérité. Je trouve même positif que l’Eglise soit l’une des rares institutions à ne pas abdiquer la spontanéité. Ca rejoint d’ailleurs le dernier billet de Jean MERCIER sur Vatican II (question du salut, du péché etc.).

    Tu parles de purification ou de sanctification du désir, mais indépendamment de toute norme. Que reste-il alors à sanctifier ? Par rapport à quoi ? La conformité de l’agir au désir est-elle le critère moral, ou bien l’acte de désir – car c’est autant un acte qu’une impulsion, ou plutôt c’est une impulsion puis un acte – lui-même est-il un acte moral ?

  6. @incarnare

    Je ne sacralise pas le désir, ni la spontanéité, ni le naturel. Je passe mon temps dans ce billet à parler de conversion du désir, de travail sur le désir, de purification du désir, etc. Rien à voir donc avec la spontanéité ou le naturel. Et je ne vois pas où j’aurais écrit que le mariage serait la consécration d’un sentiment : au contraire, le mariage serait plutôt quelque chose de très concret, qui traduit des aspirations en leur donnant corps (il ne peut d’ailleurs pas être mauvais d’essayer de leur donner corps avant de se marier…).

    C’est l’amour qui est le critère, pas la nature. On me dira que l’amour, c’est bien flou. Il me semble que quand on s’efforce de le vivre (à la lumière de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église, mais pas seulement), on se rend compte assez vite de ce qu’il faut faire pour se convertir ou purifier son désir, le problème, c’est qu’on ne le fait pas toujours. Je retiens de nombreux échanges avec des personnes homosexuelles que ce qu’elles vivent sur ce plan n’est guère différent de ce que vivent les hétéros. Un certain milieu homosexuel pousse à la « consommation », c’est vrai, mais beaucoup d’homos tendent à s’en dégager, après une phase d’expérimentation.

    En tout cas, il me semble que c’est à chaque personne d’y réfléchir dans le cadre de sa relation au Christ, et que ce n’est pas à une instance extérieure de décréter que le désir amoureux tourné vers telle ou telle catégorie de personnes est intrinsèquement désordonné.

  7. Laborieusement pathétique, et en dehors de toute élément de grâce. Auto-référencement et justification ne font pas un discours.
    Il faut revenir aux sources de la moralité des actes (CEC 1750 notamment), qui est beaucoup plus fine qu’un facile binaire bon/pas bon.
    Il faut également voir du côté de la conscience morale et de la formation de celle-ci, en raison, en nature et aussi (mais pas en premier) selon l’enseignement. Le sexe est une jubilation de l’univers (cf le discours de Tobie), est est donc soumis à ses règles, naturelles…
    Enfin, le souci de base sur la sexualité moderne, c’est qu’elle est un passage obligé de l’amour, notamment du contact physique, grosse frustration occidentale. Pour l’avoir pratiqué, le contact physique entre hommes n’est en rien tabou dans bcp de pays, sans avoir besoin d’aller jusqu’à un aspect sexuel…

    • @jean duma

      Juger de la sexualité humaine selon la nature ? Ben mon pauv’vieux… vous n’êtes pas arrivé… Quant à CEC 1750, je me demande ce qu’en penserait le Christ. Penser une morale naturelle, en-deçà de la vie spirituelle, est une telle illusion…

      La sexualité n’est pas un « passage obligé de l’amour », mais quand deux personnes s’aiment et le traduisent par un choix de vie commune, souffrez qu’elles choisissent de temps en temps d’avoir des relations physiques rapprochées.

  8. Bon, un exemple: l’un de mes amis a perdu il y’a quelques mois, suite à un cancer qui n’en finissait pas, son épouse. Nous échangeons. Il me dit qu’il va retrouver ses amis et notamment « sa petite chef de choeur ». (Il fait partie d’une chorale.) Puis, il enchaîne.  » Oui, elle est très sympa, elle a une petite fille adorable. Elle sont très accueillantes.  » Et moi de rétorquer: « elle et sa petite fille?  » Réponse: » oui oui, elle, sa petite fille et sa compagne.  » Et moi de continuer:  » heu… la petite fille est adoptée? » Réponse:  » Non non, elle est sa fille, le père est un de ses amis, il aime beaucoup la petite d’ailleurs…de toute façon, il est son père et se comporte en père …ah ça, elle ne manque pas d’affection, cette petite. »
    Voilà. La-dessus, je ne porte aucun jugement. Les faits sont là.Nous ne pouvons pas faire comme si tout ça n’existait pas et nous n’y changerons rien. Mieux vaut comme le dit l’auteur de ce texte accueillir ce qui arrive…

  9. Merci du fond du coeur Baroque & Fatigué pour ce commentaire plein d’humanité, de bon sens et d’imprégnation évangélique ! Je suis particulièrement touché par cette remarque sur la fallacieuse rhétorique « les actes/les personnes » qui n’est bien souvent que le reflet d’une pure bonne conscience n’allant pas plus loin. L’acte ne garantit jamais l’intégrale valeur d’une personne et c’est bien cela qui fonderait une éthique chrétienne. De surcroît, l’Église peine encore à emporter l’adhésion sur ses positions quant à l’homosexualité aujourd’hui alors qu’elle ne donne aucun gage à l’intégration des couples homosexuels, à leur stabilité, à leur progression dans la foi, à l’engagement pour les autres et dans la durée, aucun gage autre que des formules vagues sur l’accueil qui n’est jamais lui ni évalué ni interrogé et ne donne pas lieu à des textes de référence. En effet le dernier document de la conférence épiscopale qui accepte in fine l’esprit d’une union civile (sans pour autant se rallier au mariage) comme moyen d’élévation des couples de personnes de même sexe, marque une étape fondamentale. Un théologien moraliste anglais dont le nom m’échappe présentement avait en substance lancé un appel similiaire : à quand un saint gay ou une sainte lesbienne, voir un couple de saints de même sexe porté sur les autels ? Soyons un brin provocateur en disant, même chastes et continents 😉 Cela serait la meilleure preuve que les chemins de sainteté s’ouvrent à tou.te.s et que l’homosexualité ne se réduit pas au fait de déroger aux bonne moeurs car aujourd’hui on n’a bien du mal à ne pas voir du dégoût du gêne et du malaise (avant tout jugement moral) sur les couples homosexuels dans les communautés chrétiennes.

  10. Heureusement que vous êtes là pour corriger les enseignements « inaudibles » (ce sont vos mots) du Card Ratzinger en 2003 alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
    « Lorsqu’on est confronté à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles, ou au fait d’assimiler juridiquement les unions homosexuelles au mariage, leur donnant accès aux droits qui sont propres à ce dernier, on doit s’y opposer de manière claire et incisive. Il faut s’abstenir de toute forme de coopération formelle à la promulgation ou à l’application de lois si gravement injustes, et autant que possible ne pas coopérer matériellement à leur application. En la matière, chacun peut revendiquer le droit à l’objection de conscience. »
    « La légalisation des unions homosexuelles aurait donc comme résultat l’obscurcissement de la perception de certaines valeurs morales fondamentales et la dévaluation de l’institution matrimoniale. »

    Si vous étiez Pape, dites-vous. Prenez le pouvoir, mon vieux, donnez un coup de jeune à l’Eglise vieillissante et inaudible. Cela fait des siècles que l’on vous attend !

    Vous avouez avoir mis du temps à vous décider à écrire ce texte. Vous auriez sans doute gagné à ne pas l’écrire.

    • Une autre pour la route ?
      Même référence : « tous les fidèles sont tenus à s’opposer à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles »

      • @PdL

        D’accord. Répétons ce que dit le chef et ne nous posons pas de questions. Je suis chrétien et baptisé dans l’Église catholique romaine, pas adepte d’une secte.

  11. Tout d’abord, bravo pour cet article, il est magnifiquement écrit, il exprime une vérité que l’on entend assez peu dans l’Eglise, et parfois aussi ailleurs, qui est que chaque être humain, quel qu’il soit, devrait avoir pleinement le droit de construire un couple solide, dans la durée, et bénéficier de la reconnaissance de l’ensemble des autres êtres humains face à cet amour et à cette volonté de s’engager l’un envers l’autre.
    Je pense fondamentalement que construire une relation solide, où l’amour et le respect sont présents, dans les bons comme dans les mauvais moments, et plus encore vouloir s’engager pour la vie sur ce chemin qu’est celui du couple, est un défi, encore plus dans une société du zapping, des liens vite faits vite défaits, et un beau défi, riche et fructueux, une aventure de chaque instant qui vaut pleinement le coup d’être vécue. Et à ce titre, cette volonté, lorsqu’elle existe, doit être encouragée, accompagnée, reconnue, que le couple soit hétérosexuel ou homosexuel. Il me semble que l’Eglise aujourd’hui n’est pas prête à franchir ce « cap » de la bénédiction de l’amour que peuvent se porter les homosexuels, peut-être y viendra-t-elle un jour. Peut-être aussi que des articles comme celui que vous venez d’écrire y contribueront. Donc bravo pour avoir exprimé avec lyrisme et sincérité ces quelques vérités.

    Là où je ne vous suis pas, c’est sur la nature de l’union de deux personnes de même sexe, pour des questions liées à la parentalité. Concrètement, c’est un fait objectif, deux personnes de même sexe ne peuvent pas toutes les deux avoir un lien de filiation direct avec le même enfant. Et à mon sens, le bien de l’enfant, les pleines conditions de son épanouissement, passent par le fait de grandir avec son père ET sa mère, ils passent aussi par le fait d’avoir un père Et une mère. Sur ce point, mon discours est strictement le même que l’on parle d’homoparentalité ou de monoparentalité (lorsque bien sûr cette monoparentalité a été sciemment choisie). Je ne doute pas de la capacité d’amour que peuvent avoir deux personnes de même sexe ou une personne seule à l’égard d’un enfant. Mais « l’amour ne suffit pas ». Un enfant peut bien sûr grandir son père et/ou sans mère, beaucoup d’enfants en font d’ailleurs l’expérience, au gré de séparations / divorces, d’un parent certes existant mais trop souvent absent, de veuvage et d’autres causes encore… J’ajouterais d’ailleurs à ce propos que cet argument, souvent utilisé pour promouvoir le mariage homosexuel, ne tient pas selon moi, en ce que les homosexuels qui choisiraient le mariage seraient tout autant concernés que les hétérosexuels par ces « aléas de la vie ». Mais j’arrête de digresser et en reviens à mon propos. Je pense comme je le disais précédemment que – partant du cas d’un couple homosexuel ou d’une famille monoparentale où l’amour ne manque pas – l’amour ne suffit pas et que l’enfant a besoin d’une relation filiale (j’insiste sur le filial) à ses deux parents, et a besoin de pouvoir se référer à la fois à un père et à une mère, parce que, quoi que l’on en dise, ce n’est pas pareil et les deux sexes sont complémentaires dans ce qu’ils peuvent apporter à un bébé, à un bambin, à un ado et plus tard à un adulte. A chaque stade, cette complémentarité de l’homme et de la femme se manifeste et permet au petit humain de devenir grand en trouvant les repères que chacun des membres du duo/couple a vocation à lui apporter. Cette complémentarité est absente de facto pour un parent seule, elle est absente également dans un couple de même sexe. Là encore, quoi qu’on en dise, un homme reste un homme et une femme une femme et ne peut se substituer de ce fait à l’autre sexe. Et puis demeure cette question de la filiation. On sait pour avoir un certain recul par rapport à l’adoption, que celle-ci crée dans la très grande majorité des cas des manques, des doutes, des souffrances, des questionnements, qui ont un impact important sur la capacité des enfants adoptés à grandir, à s’épanouir, à trouver leur équilibre (et là je parle bien aussi et surtout des couples hétéro puisque ce sont quand même les principaux concernés). J’estime à ce titre – c’est mon point de vue – qu’ajouter à cette complexité en privant en plus le futur adopté de cette complémentarité homme-femme ne va pas dans le sens de son bien-être. Et j’estime aussi que l’adoption de la loi va -même si beaucoup s’en défendent – favoriser le développement de la PMA voire de la gestation pour autrui à moyen ou long terme.

    Alors, loi ou pas loi, j’ai conscience que les situations d’homoparentalité existent d’ores et déjà, que l’on parle d’adoption, de PMA ou de mère porteuse. J’ai conscience aussi que tous ces débats portent finalement sur un nombre réduit de cas parce que : (1) les homosexuels représentent une très petite minorité en pourcentage de la population ; (2) tous n’aspirent pas au mariage ; (3) parmi ceux qui aspirent au mariage, tous ne souhaitent pas avoir d’enfant.

    Mais ce n’est pas pour autant une raison de laisser les principes que l’on peut avoir de côté, de ne pas les exprimer, de ne pas s’intéresser à ce qui peut favoriser au mieux la croissance des êtres humains de la prochaine génération. Parce que s’il est un principe qui me tient à cœur, c’est de pouvoir me dire, lorsque je quitterai ce monde, que j’ai fait mon possible pour que ceux qui y restent y soient heureux. Et aujourd’hui, j’estime que cela passe par la défense de la parentalité hétérosexuelle et de celle-là seule car elle est celle qui permet la meilleure évolution et les meilleures conditions de croissance pour l’enfant (RDV dans 40 ans pour voir si mon avis aura évolué ou pas sur le sujet ;-)), au même titre que je défends le droit à une union homosexuelle reconnue par tous. Les deux sont à mon sens de nature différente (l’union homosexuelle n’étant pas naturellement féconde sur le plan de la reproduction), elles méritent ainsi chacune un cadre différent.

    Et pour conclure sur une note positive, encore merci pour ce bel appel à vouloir viser la sainteté et à commencer pour cela pour respecter chaque être humain sans jugement. J’espère donc que vous ne me jugerez pas sur l’unique fondement de ces quelques lignes…

  12. Excellent article! il dit tout ce qu’il y a à dire. Je ne suis pas catholique pour ma part, mais ce qui me choque en général dans le discours de l’Eglise sur ce sujet, c’est son caractère faible et contradictoire, son recours systématique à des arguments qui n’ont de catholique que l’autorité de qui les énonce. Vous lire est un rafraîchissement: on comprend enfin comment on aurait pu être catholique!

  13. Pingback: La sainteté pour tous « À Corps… à Coeur
  14. Votre comparaison est étrange, la richesse est un mauvais infini et elle l’est intrinsèquement surtout quand aucune barrière éthique et sociale ne s’oppose plus à son accumulation. Quant au désir, je ne vois pas bien ce qu’il vient faire avec le couple. Le désir tend à la collection, à la liste, le couple à une certaine permanence, c’est donc l’envers de toute spéculation qu’elle soit sexuelle ou financière. Un couple qui tient n’est pas un couple qui donne libre cours à ses désirs, ça c’est le couple façon Sollers, ce n’est pas le mien et je ne crois pas que ce soit celui des catholiques. Ensuite la sainteté n’est pas la normalité puisque la sainteté c’est l’héroïsme propre au croyant ou l’équivalent du sublime pour un artiste ou un savant, le saint est l’élu pas le tout venant des pécheurs dont je suis. Je ne sais pas si les enfants seront « mieux », pourvus de parents homosexuels plutôt qu’égarés dans un orphelinat ukrainien (ou entre parenthèses l’adoption est un parcours du combattant et des pots de vin) mais le danger d’un mariage civil ouvert aux personnes d’un même sexe, n’a rien à voir avec ça. Le problème est moins l’adoption que la procréation artificielle et la licéité de la location des utérus auxquelles vont recourir systématiquement les lesbiennes et gays ultras qui sont une minorité agissante puisque c’est d’eux que vient la revendication planétaire du mariage gay. Vous ne dîtes rien de ces annonces assez dévastatrices où une mère/un père dit à ses enfants alors qu’elle/il atteint les 45 ans, qu’elle/il aime une personne du même sexe ou qu’elle va changer de genre, parce que c’est aussi la pente du climat et de la techno-science. Que vous le vouliez ou non le droit dit la norme et protège la personne, même d’elle-même, et il me semble que Dieu a créé l’Homme, homme et femme, et non sous la forme d’un continuum mais bon on peut toujours penser que le premier transgenre va bientôt demander les clés de la maison du Père à saint Pierre. Pour finir, il y a aussi une volupté à se sentir hors-norme et la sainteté est l’une d’entre elles même si elle se nommé béatitude.
    PS : notre débat ne sert à rien, les jeux sont déjà faits.

  15. « Trop de condamnations de l’homosexualité que j’ai pu lire ici ou là s’appuient sur des naturalismes de mauvais aloi (« c’est contre-nature »), des anthropologies péremptoires (« hors du couple homme-femme, point de salut ») ou des psychologies dépassées (« les homosexuels sont immatures »). Trop peu sur l’Évangile. Et pour cause : on serait bien en peine d’y trouver quoi que ce soit qui permette de réprouver moralement l’homosexualité. Le Christ n’a vraisemblablement jamais prononcé le mot « nature ».  »

    Il me semble que vous vous meprenez sur la nature de l’évangile. Ce n’est pas un code recueillant TOUT ce que le christ aurait ou non dit et que nous nous devons de suivre. Le christ n’a pas non plus parlé de l’ultraliberalisme. L’Eglise ne devrait donc pas en parler. Vous ne pouvez pas detacher les évangiles du reste du nouveau testament ni de l’ancien testament. Ce serait une forme de marcionnisme consistant à prendre ce qui nous arrange. Vous savez très bien que l’argument « ce n’est pas dans l’évangile donc l’Eglise ne peut s’appuyer la dessus » n’est pas opérant pour le christianisme et SURTOUT PAS POUR L’EGLISE CATHOLIQUE

  16. merci pour ce très beau texte. J’attendais de vous lire là-dessus, je ne doutais pas une seconde que vous finiriez par vous exprimer sur le sujet et j’étais sûre que cela mettrait des mots sur ce que je pense encore mieux que ce que je ne le ferais.

    amicalement.

  17. Un texte très intéressant, la plupart des commentaires également, en ce qu’ils font entendre une voix différente dans l’Eglise sur ces questions.
    J’aime beaucoup votre remarque sur « être baptisé et faire partie de l’Eglise catholique, ce n’est pas faire partie d’une secte ». Personnellement ma réflexion sur le sujet s’enrichit autant du contact avec de vrais homosexuels, en couples, heureux et rayonnants sur l’extérieur (et pour cela il est nécessaire de sortir de son cercle d’amis chrétiens ! merci le MAE pour cette opportunité ; ) ), que de la lecture de point de vue aussi stimulants (mais hélas rares).

    Un grand merci donc. Je fais circuler.

    Charlotte

  18. A mon avis le débat ne porte ni sur l’homosexualité en elle-même ni sur la capacité des homosexuels à éduquer des enfants.

    Simplement, la loi sur l’adoption
    Le mariage étant l’union d’un homme et d’une femme en vue de fonder une famille, le mariage homosexuel ne peut se concevoir que s’il ouvre une possibilité aux couples homosexuels d’avoir des enfants. Parmi ces possibilités, on peut citer l’adoption, la PMA ou la gestation par autrui. Il en existe d’autres mais qui relèvent d’un comportement « hors couple » comme par exemple la femme mariée qui se découvre lesbienne (ou l’homme qui se découvre gay), celle qui va en Belgique, …
    La PMA ou la gestation par autrui ont été écartés par le gouvernement qui a bien senti le piège puisque cela reviendrait à marchandiser la conception et donc l’enfant.
    Reste l’adoption.

    Or la loi sur l’adoption est une loi inutile en ce sens qu’elle ne répond pas à un besoin de la population mais à un désir d’une partie qui se réclame d’une orientation sexuelle particulière. Elle ne répond pas à un besoin de la société car il y a aujourd’hui largement plus de couples désirant adopter qu’il n’y a d’enfants à adopter. Pourquoi élargir le nombre de couples sur les rangs de l’adoption alors qu’il sera ensuite extrèmement délicat de choisir de confier tel enfant à un couple de même sexe plutôt qu’à un couple formé d’un père et d’une mère ?
    Sur quels critères objectifs cette décision sera-t-elle prise ? Je n’en vois aucun et je crains que cela ne fasse que renforcer le sentiment de discrimation des homosexuels.

    Ensuite, il ne faut pas se le cacher, les revendications d’égalité au regard de la loi sont de vastes fumisteries que d’autres ont déjà qualifiés, à raison, de supercherie.
    La loi permet à tout homme et à toute femme, de se marier, et ce, quelle que soit son orientation sexuelle. Le mariage est ouvert à tous à condition, que ce soit avec une personne du sexe opposé. Evidemment.

    Vivre avec une personne du même sexe est un choix qui, comme tout choix implique un renoncement, celui du mariage et de la procréation.

    Aujourd’hui, le projet de loi cède à deux tendences qui sont très actuelles et à mon avis très déstructurantes :
    – donner l’illusion qu’on peut tout avoir sans avoir à assumer ses choix;
    – apporter une modification législative en fonction d’une orientation sexuelle. Pour la première fois, une loi va être votée pour tenir compte des pratiques sexuelles. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire les articles de Caroline Mécary, avocate et militante pour le mariage homo, pour comprendre qu’on ne parle plus d’égalité des citoyens mais égalité des pratiques sexuelles. Cela paraît complètement irréaliste, dans une société qui se veut laïque, que l’on tienne compte des différences de pratiques sexuelles et pas des différences de croyances …

    Enfin, sans céder aux sirènes alarmistes qui crient à la pédophilie et à l’inceste comme d’autres crient au loup, il ne faut pas être naïf et se rappeler que d’autres motivations portent ce projet de loi.
    C’est Clémentine Autin qui écrivait dans Libération (24/04/2004) : « Il ne s’agit pas tant d’obtenir les mêmes droits que ceux qu’offrent le mariage civil mais de détruire l’institution du mariage et la vision de la famille qu’elle sous-tend ».

    Quoi de plus facile de détruire la famille quand les enfants n’auront plus les repères qui leurs sont indispensables ? Comment se comportera la jeune mère qui a été élevée par deux pères ? Comment pourra-t-elle reproduire ce geste maternel qu’elle n’aura jamais connu ?
    Comment ce jeune père qui n’a jamais eu de père pourra apprendre à ses enfants à prendre son envol ?

    Les homosexuels peuvent élever des enfants par la force des choses et par les aléas de la vie mais il ne faut pas perdre de vue que le modèle le plus structurant est et restera le modèle familial traditionnel.

    Cdlt,

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