Roger Nimier, de Lisbonne à Pékin

Vous trouverez ci-après une liste des traductions des œuvres romanesques de Roger Nimier publiées à ce jour. C’est un travail d’érudition sans grand intérêt, je vous l’accorde. Pour le domaine non romanesque, signalons simplement l’existence d’une traduction en anglais de Versailles que j’aime sous le titre The Versailles I love en 1958, qui semble avoir eu un certain succès puisqu’on en trouve une dizaine d’exemplaires d’occasion sur Amazon.com ; l’ouvrage a également été traduit en allemand (Mein geliebtes Versailles, 1959). Si vous avez connaissance de traductions à ajouter, n’hésitez pas à me les signaler.

Les épées, 1948

– Italien : Le spade, trad. Massimo Raffaeli, Padoue, Meridianozero, 2002

Le hussard bleu, 1950

– Anglais : The Blue Hussar, trad. John Russell et Anthony Rhodes, 1952, Londres, Mayflower Books, 1966

– Anglais américain : The Blue Hussar, trad. Jacques Le Clercq, New York, Julian Messner, 1953
– Tchèque : Modry Husar, trad. Jindoich Novák, Prague, Odeon, 1968
– Chinois : Lanse zhuangjiabing, 1997

BlueHussar

La très belle couverture du Hussard bleu en anglais, édition en livre de poche de 1956, semble-t-il ; à noter, la comparaison avec The Naked and the Dead, de Norman Mailer.

Les enfants tristes, 1951

– Anglais : Children of circumstance [en fait, il s’agit d’une compilation des Enfants tristes et d’Histoire d’un amour], trad. Robert Kee et John Russell, Londres, MacGibbon & Kee, 1954

– Italien : Giovani tristi, trad. Alfredo Cattabiani, Turin, Edizioni dell’albero, 1964

– Roumain : Copiii trişti, trad. Lucian Pricop, Bucarest, Paralela 45, 2006

Histoire d’un amour, 1953

– Italien : Storia di un amore, trad. Elisa Morpurgo, Milan, Longanesi, 1972

D’Artagnan amoureux ou Cinq ans avant, 1962

– Italien : D’Artagnan innamorato, ovvero Cinque anni prima, trad. Sandra Ricco, Milan, Longanesi, 1964

– Slovaque : Zamilovaný d’Artagnan; alebo, Pred piatimi rokmi, trad. Michal Bartko, Dušan Stopiak et Karol Rosmány, Bratislava, Slovenský spisovateľ , 1978

Artagnan slovaqueLes Slovaques n’ont pas traduit le Hussard bleu, mais peuvent lire d’Artagnan amoureux en édition de poche. Allez comprendre.

– Espagnol : D’Artagnan enamorado o Cinco años antes, trad. Joan Riambau, Barcelone – Buenos Aires, Edhasa, 2005

Nouvelles diverses (la plupart ont été publiées en français dans le recueil Les Indes galandes en 1989)

– Portugais : Contos de Natal, trad. Fernanda Branco, Porto, Asa, portugais, 1993

Littérature

« À quoi sert ce livre ? Comment peut-on l’appliquer à la moralisation et au bien-être de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ? Quoi ! Pas un mot des besoins de la société, rien de civilisant ni de progressif ! Comment, au lieu de faire la grande synthèse de l’humanité, et de suivre, à travers les événements de l’histoire, les phases de l’idée régénératrice et providentielle, peut-on faire des poésies et des romans qui ne mènent à rien, et qui ne font pas avancer la génération dans le chemin de l’avenir ? Comment peut-on s’occuper de la forme, du style, de la rime, en présence de si graves intérêts ? »

Théophile Gautier, dans sa préface de mai 1834 à Mademoiselle de Maupin, Paris, G. Charpentier, 1880, p. 18, cité dans P.-A. Taguieff, Le Sens du progrès, Flammarion, 2004, p. 135

Dans le même ordre d’idées :

« La littérature engagée, avec son air martial et ses bonnes résolutions, est sympathique dans la mesure où les fayots sont sympathiques dans un régiment de cavalerie. »

Roger Nimier, Les écrivains sont-ils bêtes ?, Rivages, 1990, p. 19

Roger Nimier prisonnier des FARC

Ma petite maman,

Je suis dans la jungle depuis cinq ans déjà, et n’ai pu te donner de mes nouvelles qu’aujourd’hui. J’en suis désolé. Tout va bien. Je relis pour la quarante-troisième fois les Mémoires du cardinal de Retz : c’est extraordinaire. Si tu pouvais me faire parvenir les Commentaires de Monluc ?

Nos geôliers sont des gens charmants. Hier soir encore, j’ai gagné le concours de gobage d’œufs qui opposait gardiens et prisonniers. L’un de nos adversaires est mort tragiquement au cours de cet exploit. La conduite me manque, mais le sous-commandant José me fait miroiter d’heureuses perspectives : en jouant sur le syndrome de Stockholm, il n’est pas impossible que je sois nommé ambassadeur de Colombie à Paris lorsque les révolutionnaires auront renversé le gouvernement, Aston Martin de fonction à la clé. Espérons.

L’une de nos compagnes de captivité est insupportable. Elle ne cessait de nous entretenir de sujets abscons, droits de l’homme, démocratie, humanisme. J’en passe. La situation s’est cependant améliorée : depuis qu’une de ses amies est tombée enceinte, elle n’adresse plus la parole à personne. Une sombre histoire de rivalité pour les beaux yeux d’un combattant de la cause prolétarienne.

Meilleur souvenir à Jacques (publie-t-il les lettres quotidiennes qu’il ne peut plus m’envoyer ?) et Antoine (mais dissuade-le de venir me rejoindre – j’ai appris par les journaux qu’il s’était mis au parachutisme). Bises à Nadine. Prie pour ton

Roger

PS : Le premier qui fait mine de vouloir lâcher des ballons, accrocher mon portrait à la façade d’une mairie, ou tout autre faute de goût – même et surtout si c’est en vue d’obtenir ma libération – peut numéroter ses abattis en attendant mon retour.